Bernard Pivot, le roi Lire, est mort
Le vendredi soir, vers 21 h 30-22 heures, la littérature entrait dans tous les foyers de France. Un homme entre deux âges à l'enthousiasme contagieux posait des questions faussement naïves à une demi-douzaine d'invités. Il ne les coupait que rarement, les rudoyait encore moins souvent, semblait passionné par leurs réponses, les félicitait, ne les mettait jamais en concurrence. Le décor était spartiate : un public aux cheveux poivre et sel, un décor pâle, des tables basses, des fauteuils sans charme et quelques notes de Rachmaninov pour ouvrir et fermer ce temps suspendu. Nos mères et grands-mères se pâmaient. Elles notaient consciencieusement le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage que celui-ci était venu défendre.
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Je vous parle d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. C'était avant ! Avant Amazon, avant les chaînes d'info, avant les livres numériques, avant que n'importe quel « people » ne se croie autorisé à nous raconter sa vie, avant que les chroniqueurs télé ne fassent la loi sur le petit écran. À la baguette, en arbitre des élégances, Bernard Pivot, mort à l'âge de 89 ans. Un inlassable lecteur, journaliste éveillé à la fois dénicheur de talents et respectueux de ses aînés.
Les derniers morceaux d'une Atlantide aujourd'hui engloutie
Bernard Pivot, promoteur des livres à la télé. © GEORGES HERNAD / Ina / Ina via AFPMarguerite Yourcenar y était reçue avec déférence ; Jean d'Ormesson en [...] Lire la suite