Après les émeutes de juin, Élisabeth Borne présente ses réponses dans un plan depuis la Sorbonne

POLITIQUE - Quatre mois quasiment jour pour jour après les émeutes de juin dernier consécutives à la mort du jeune Nahel abattu par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine), le gouvernement Borne a choisi la Sorbonne, ce jeudi 26 octobre pour dévoiler les mesures prises en consultation avec les associations d’élus et le Conseil national de la refondation.

Autour de la Première ministre, figurent le Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti et ses collègues Aurore Bergé (ministre Solidarités et des Familles) et Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur).

« La première réponse a été le rétablissement de l’ordre », se félicitait Matignon, devant la presse, peu avant ce discours, en référence au calme revenu après dix jours d’émeutes. Deuxième enjeu, la « reconstruction » des biens dégradés. Alors que 60 % des dégâts ont été réparés, Élisabeth Borne annonce une enveloppe de 100 millions d’euros pour les collectivités locales qui font encore face à des difficultés de financement. Cela représente la moitié du coût total des réparations, estimé à 200 millions d’euros par les assureurs.

Les pouvoirs de la police municipale renforcés

Autre mesure : la police municipale sera renforcée car elle a joué « un rôle important, parfois décisif dans les opérations rétablissements de l’ordre ». Sur demande des maires et avec une loi, ses pouvoirs seront renforcés. « Les policiers municipaux pourront accomplir des actes de police judiciaire, pas tous et sans s’y substituer », prévient Matignon, prenant l’exemple de la consultation de fichiers. La police municipale restera une option pour les maires et ces nouvelles compétences seront contrôlées par les parquets.

Des « forces d’action républicaines » sur le terrain

C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2022, les « FAR », pour « forces d’action républicaines » seront déployées. Une équipe d’agents de l’État propose un diagnostic dans des quartiers qui le souhaitent et alloue une enveloppe transversale qui peut concerner le sport, la santé, la sécurité etc. en vue d’une réponse globale, un « catalogue de solutions » proposée aux maires. Un encadrement militaire pourra également être envisagé pour certains jeunes délinquants, a ajouté Elisabeth Borne lors de son discours.

Les deux parents tenus pour responsables

Côté justice, la Première ministre promet « le refus total de l’impunité ». Les amendes pour non-respect du couvre-feu seront augmentées et les parents « sensibilisés », alors que 30 % des interpellations de juin ont concerné des mineurs. Première mesure : les deux parents seront tenus pour responsables et pas uniquement celui ou celle qui a la garde comme actuellement. Enfin, les peines seront « diversifiées » pour offrir aux juges la possibilité d’attribuer des travaux d’intérêt général ou des stages de responsabilité parentale, inexistants dans l’actuelle réponse pénale, selon Matignon.

Bannissement des réseaux sociaux

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé du Numérique, était présent pour défendre une mesure en cours d’adoption au Parlement : le bannissement des auteurs des réseaux sociaux s’ils les ont utilisés pour commettre l’infraction. Enfin, Matignon promet de « doubler » les heures d’enseignement moral et civique (EMC) à l’école à la rentrée 2024. Une mesure déjà prévue par l’ex-ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, une semaine avant les émeutes.

Il était urgent d’annoncer ces mesures, alors que les Français étaient 79 %, début juillet, à juger le chef de l’État « pas à la hauteur » dans la réponse à cette crise. Vendredi 27 octobre, un Comité interministériel des villes à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) est organisé afin de compléter cette réponse pour « faire nation et combattre les inégalités à la racine ». De nouvelles annonces sont prévues.

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