Affaire des paris sportifs: "On va te casser les jambes si tu ne rembourses pas", Fagioli raconte sa descente aux enfers

Affaire des paris sportifs: "On va te casser les jambes si tu ne rembourses pas", Fagioli raconte sa descente aux enfers

Un récit poignant qui permet de comprendre comment une étoile montante du football italien a pu en arriver là. Suspendu sept mois de toute activité sportive pour avoir parié sur des matchs, Nicolo Fagioli s’est longuement livré fin septembre au cours de son interrogatoire. Ce mercredi, la presse italienne rapporte plusieurs extraits de son passage devant les enquêteurs.

Pour Fagioli, atteint de ludopathie - un trouble du comportement qui pousse une personne à ressentir une envie incontrôlable de jouer - tout a commencé à l’été 2021 lors d’un rassemblement avec la sélection espoir italienne. "Je voyais jouer (Sandro) Tonali et je lui ai demandé ce qu'il faisait. Il m'a répondu que je pouvais aussi le faire car il n'y avait aucune trace des paris. Puis il m'a fait enregistrer via un compte sur le site en question", détaille Fagioli.

"Je me suis mis à pleurer face aux caméras, en pensant à ma dette liée aux paris"

Le pari est d’abord un "loisir" et un "passe-temps" pour le milieu de terrain. Mais cette activité va très rapidement se muer en addiction, avec les premières grosses dettes. "En janvier 2022, quand je suis arrivé à Turin, j'étais dans une condition de stress pour la dette accumulée, poursuit Fagioli devant les enquêteurs. Au tout début, j'ai parié sur du tennis pendant un an. Puis en septembre 2022, j'ai commencé sur le football avec de grosses sommes pour tout récupérer."

Sa dette n’en finit jamais de gonfler. En septembre 2022, environ un an après ses premiers paris, elle atteint les 250.000 euros. Elle grimpera jusqu’aux trois millions d’euros. "Le moment le plus dur fut entre mars et avril 2023, assure l’Italien, une sélection au compteur avec la Nazionale. J'étais tellement stressé et apeuré que durant Sassuolo-Juventus, j'ai commis une erreur technique avant d'être remplacé. À peine sorti, je me suis mis à pleurer face aux caméras, en pensant à ma dette liée aux paris."

"J'avais une dette tellement grande que quand je pariais, je n'encaissais plus rien. On me disait: 'On va te casser les jambes si tu ne rembourses pas ce que tu dois'. L'argent que je gagnais servait uniquement à réduire ce que je devais à ces plateformes. (...) La nuit, je ne dormais plus. Plus le temps passait, plus ma dette devenait une obsession et plus l'argent que je devais ne cessait d'augmenter, je pensais seulement à jouer pour tenter de récupérer le tout."

Des coéquipiers lui prêtent 40.000 euros

Submergé, Fagioli, qui assure n’avoir "jamais misé sur ses équipes", a demandé de l’argent à "certains amis" puis à des coéquipiers. Federico Gatti, défenseur central italien de la Juventus, et Radu Dragusin, international roumain désormais au Genoa, lui prêtent chacun 40.000 euros. Pour Gatti, Fagioli assure l’avoir convaincu en lui disant que ses comptes étaient bloqués. "Je voulais acheter une montre à ma mère. Je ne lui ai toujours pas rendu l'argent qu'il continue de me réclamer."

Mardi, la Fédération italienne de football (FIGC) a indiqué que Fagioli avait été sanctionné pour s'être livré à des paris sur des matches de foot, une activité interdite aux joueurs professionnels, après avoir reconnu les faits et conclu un accord négocié. L'instance a précisé que la peine de Fagioli portait officiellement sur 12 mois, mais elle est réduite à sept parce qu'il a accepté un programme de soins en matière de lutte contre la dépendance au jeu.

Fagioli doit en outre participer à "au moins 10 réunions publiques reparties sur cinq mois, au sein des associations de sport amateur et dans la fédération locale de football ainsi que dans les centres de désintoxication pour les addictions au jeu", précise la FIGC. Le joueur encourrait trois ans de suspension, mais il a vu sa sanction réduite à l'issue d'un accord avec les autorités disciplinaires de la FIGC et il a démontré qu'il prenait des mesures sérieuses pour lutter contre une dépendance au jeu.

Article original publié sur RMC Sport