Affaire Hedi : le policier placé en détention provisoire est remis en liberté

Au cours de ses 40 jours de détention provisoire, l’agent de la BAC de Marseille avait reconnu un tir de LBD au moment des faits. Placé sous contrôle judiciaire, il a l’interdiction d’exercer.

Affaire Hedi : remise en liberté du policier marseillais en détention provisoire depuis 40 jours
Affaire Hedi : remise en liberté du policier marseillais en détention provisoire depuis 40 jours

POLICE - Son incarcération avait déclenché une fronde dans une partie des rangs de la police. Le policier soupçonné d’avoir, avec trois collègues, gravement blessé le jeune Hedi en marge des émeutes à Marseille a été remis en liberté ce vendredi 1er septembre, a annoncé le parquet de Marseille. Il était en détention provisoire depuis 40 jours.

Il est placé sous contrôle judiciaire et a notamment interdiction d’exercer « la profession de fonctionnaire de police », a insisté dans un communiqué la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens. Elle indique que « l’information judiciaire se poursuit sous la direction des magistrats instructeurs ».

Pour rappel, Hedi, 22 ans, a dû subir une amputation partielle de son crâne après un tir de LBD et des coups reçus alors qu’il était déjà blessé dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier.

Lors d’une audience au début du mois d’août, le policier prénommé Christophe, agent de la brigade anticriminalité de Marseille, avait reconnu un tir de LBD au moment des faits. « J’ai pris la décision de faire usage de LBD à une reprise », a-t-il expliqué après avoir nié cet acte jusqu’à présent. « J’ai vu que tout le monde était debout » après ce tir, a ajouté le trentenaire, assurant qu’il serait intervenu s’il avait vu quelqu’un au sol.

Selon l’avocat du policier, « rien ne prouve » que ce soit ce tir qui a blessé le jeune Hedi, a-t-il expliqué lors de la même audience.

« Cette décision ne m’étonne pas »

Christophe « s’est expliqué sur les circonstances de ce tir de LBD, en démontrant qu’il en avait fait l’usage sur le jeune Hedi, alors que celui-ci était en train de lancer un projectile susceptible de menacer l’intégrité de ses collègues », a affirmé son avocat, Me Pierre Gassend, reprenant les explications données par son client devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence début août. « Christophe a estimé avoir fait son devoir dans l’exercice de ses fonctions, dans un contexte de violences urbaines », a-t-il poursuivi.

« Compte tenu de la pression extrême dans ce dossier, cette remise en liberté ne m’étonne pas », a réagi Jacques-Antoine Preziosi, l’avocat du jeune Hedi, dont une partie du crâne a dû être amputée par les chirurgiens après son hospitalisation suite à ce tir de LBD puis son passage à tabac par d’autres policiers : « Hedi est effondré. Il est en plus à l’hôpital pour y subir des examens car son état de santé se dégrade ».

« On va maintenant assister à un déferlement de mensonges entre le tireur et les cogneurs qui vont dire qu’Hedi était menaçant et qu’ils étaient en état de légitime défense. Or les vidéos disent le contraire », a insisté Me Preziosi.

Fronde dans la police

L’incarcération du policier marseillais au courant du mois de juillet, après celle du policier mis en examen pour avoir tué Nahel M., 17 ans, à Nanterre fin juin, avait déclenché une fronde dans une partie des rangs de la police.

« Le savoir en prison m’empêche de dormir », avait notamment déclaré le patron de la police Frédéric Veaux, qui considère « qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Des propos qui ont déclenché une polémique, jusqu’au sommet de l’État, sur l’indépendance de la justice et le statut des policiers, ulcérant aussi les magistrats.

Dans le dossier Hedi, quatre policiers sont mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours, aggravés par trois circonstances en ce qu’elles ont été commises en réunion, avec usage ou menace d’une arme et par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions ».

Le parquet de Marseille avait requis leur placement en détention provisoire, ce qui est rare. Finalement, un seul avait été incarcéré et les trois autres ont été placés sous contrôle judiciaire avec « interdiction d’entrer en contact avec les coauteurs, la victime et les autres protagonistes et interdiction d’exercer l’activité professionnelle de fonctionnaire de police ».

Au total, quatre affaires de violences policières présumées ont donné lieu à l’ouverture d’enquêtes à Marseille, dont une a conduit à la mise en examen de trois policiers du Raid suite au décès de Mohamed Bendriss, 27 ans, très vraisemblablement touché d’un tir de LBD, la même nuit du 1er au 2 juillet où a été grièvement blessé Hedi.

VIDÉO - Hedi: "Des violences policières, il y en a toujours eu (...) mais en aucun cas j'en voudrais à l'ensemble des policiers"