Aux États-Unis, les magasins Target boycottés pour avoir célébré la communauté LGBT+

Un magasin Target en Floride, à North Miami Beach, le 17 mai.
Un magasin Target en Floride, à North Miami Beach, le 17 mai.

ÉTATS-UNIS - Un véritable déferlement de haine. En croisade contre le « wokisme » aux États-Unis, les ultraconservateurs américains appellent ces derniers jours au boycott de la chaîne de supermarchés Target, visée pour avoir lancé − comme chaque année depuis près d’une décennie − une ligne d’articles à destination de la communauté LGBT+ en vue du « pride month » (« le mois des fiertés », en français), en juin.

Cible de menaces, notamment à l’encontre de ses employés, l’enseigne américaine a annoncé mercredi 24 mai le retrait de ses magasins, comme de son site Internet, de certains produits cristallisant la colère des anti-LGBT+. Target n’a pas spécifié lesquels étaient visés, mais selon CNN, la marque britannique Abprallen, jugée « satanique » par certains commentateurs politiques, n’est plus disponible à la vente.

« Depuis le lancement de la collection de cette année, nous avons été informés de menaces affectant la sécurité et le bien-être de nos collaborateurs, a indiqué Target dans un communiqué. Compte tenu de ce contexte instable, nous allons procéder à des changements, notamment au retrait des articles ayant suscité les comportements les plus agressifs. » Un retour en arrière décrié par le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, selon qui la marque est en train de « sacrifier la communauté LGBT+ aux extrémistes ».

« N’achetez pas chez Target, à moins d’être gay ou pervers »

Parmi les références vendues dans le cadre du « pride month » figurent notamment une tasse portant la mention « Gender Fluid », qu’utilisent les personnes qui ne se définissent pas par un genre fixe, ou des t-shirts pour enfants avec imprimé « Bien Proud », mélange d’espagnol et d’anglais qui joue avec le terme « fier ». Des maillots de bain non genrés, aussi bien adaptés aux appareils génitaux masculins et féminins, sont également vendus.

Un aperçu de la collection « Pride » en l’honneur de la communauté LGBT + sur le site américain de la chaîne de supermarchés Target.
Un aperçu de la collection « Pride » en l’honneur de la communauté LGBT + sur le site américain de la chaîne de supermarchés Target.

Certains commentateurs politiques conservateurs, connus pour leurs accointances avec l’ancien président Donald Trump et le parti républicain, ont été parmi les premiers à s’emparer du sujet. « N’achetez pas chez Target, à moins d’être gay ou pervers », a ainsi martelé Candace Owens, une éditorialiste au sein du très à droite Daily Wire, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

L’activiste, qui avait fait une apparition remarquée en France à l’édition 2019 de la Convention des droites aux côtés de Marion Maréchal, s’est en particulier offusquée de la vente d’articles pro-LGBT+ pour enfants, tels que des livres ou des t-shirts. Target « expose les enfants à cette idéologie néfaste, destinée à les faire prendre de mauvaises décisions, et qui finiront par leur ruiner la vie », a-t-elle jugé.

Candace Owens cible notamment Erik Carnell, le fondateur trans de la marque Abprallen, retirée depuis des rayons de l’enseigne. « Target a embauché un designer satanique. Je ne plaisante pas. Ce designer s’identifie vraiment comme un sataniste », a-t-elle affirmé, avant d’assurer qu’Erik Carnell reconnaissait donc la transidentité comme étant « satanique » et perverse.

La marque Abprallen commercialisait sur le site de Target des t-shirts, des pulls et des sacs en toile avec des messages tels que « too queer to be here » (« trop queer pour être ici », en français) ou encore « cure transphobia, not transpeople » (« soignez la transphobie, pas les personnes trans », en français).

Rien de vraiment démoniaque ou satanique en somme. Mais cette étiquette colle à la peau du styliste, qui reconnaît de lui-même aimer juxtaposer « des images gothiques ou sombres et sataniques » à « des couleurs vives et des messages positifs LGBT + ».

« Rendre “Pride” toxique pour les marques »

« Le but, c’est de rendre “Pride” (la fierté) toxique pour les marques », a commenté mercredi un autre éditorialiste ultraconservateur du Daily Mirror, Matt Walsh. « Si elles décident de nous imposer ces conneries, elles doivent savoir qu’il y aura un prix à payer. (...) D’abord Bud Light, maintenant Target. Notre campagne avance. Continuons. »

Le polémiste, connu pour sa radicalité, fait ainsi référence à une vidéo promotionnelle lancée début avril par Budweiser aux États-Unis. L’influenceuse transgenre Dylan Mulvaney y apparaissait une bière Bud Light en main et expliquait avoir reçu de la société une cannette personnalisée avec son visage dessiné dessus.

La vidéo avait déclenché un mouvement de protestation, des menaces, et même un boycott de la marque. Quelques jours plus tard, le brasseur Anheuser-Busch InBev, propriétaire de la marque, avait annoncé la suspension de deux cadres dirigeants du groupe, impliqués dans la stratégie marketing du groupe, un geste interprété encore une fois comme un rétropédalage.

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