Équipe de France: comment Boubacar Kamara est vite devenu incontournable en Premier League

Équipe de France: comment Boubacar Kamara est vite devenu incontournable en Premier League

C’est l’attraction de ce rassemblement. Celui dont tout le monde parle. Celui que tout le monde veut voir et entendre. Parce qu’il réalise un début de saison canon, et parce que tout sembler glisser sur lui à dix-sept ans, Warren Zaïre-Emery concentre les regards. Chez les Bleus, le jeune Parisien n’est pourtant pas le seul à jouer gros sur les deux matchs programmés ce samedi contre Gibraltar et mardi en Grèce. Dans l’ombre, Boubacar Kamara attend lui aussi son heure.

S’il compte déjà quatre sélections, l’ancien Marseillais devrait avoir l’occasion de se montrer davantage avec les absences à son poste d’Aurélien Tchouaméni et Eduardo Camavinga. À sept mois de l’Euro (14 juin-14 juillet), certains plus que d’autres savent qu’ils ont intérêt à marquer des points. Pour montrer à Didier Deschamps qu’il serait bien inspiré de les emmener en Allemagne l’été prochain.

"C'est l'un de mes objectifs cette saison, reconnaissait Kamara en octobre dernier dans les colonnes de L’Équipe. Quand on monte dans le train, on n'a pas envie d'en descendre."

Déjà un taulier des Villans

Le train bleu, Kamara s’est glissé dedans la première fois en mai 2022, à une période où le Sénégal lui faisait les yeux doux. Il y a ensuite eu la Coupe du monde au Qatar, regardée devant sa télévision pour cause de blessure, puis un retour en juin 2023. Didier Deschamps l’avait rappelé en urgence pour pallier le forfait d’Adrien Rabiot, au moment où il s’apprêtait...à filer en voyage de noces avec son épouse.

"Je ne sais pas si je dois rigoler ou pleurer. Lune de miel reportée. Les aléas de la vie de femme de footeux que vous enviez tellement", avait ironisé Madame au moment de débarquer de son avion.

Didier Deschamps, lui, avait apprécié et salué le sacrifice de son joueur, qui ne s’était pas non plus plaint après être resté sur le banc lors des victoires contre Gibraltar et la Grèce. Car Kamara est un "soldat", un "homme de l’ombre" comme il se définit lui-même, pas du genre à faire des vagues mais bien déterminé à se faire une place dans ce groupe de champions du monde et vice-champions du monde. A 23 ans, il sait que le moment est venu de montrer à quel point il a évolué depuis sa signature à Aston Villa en 2022.

Car en Premier League, Kamara est actuellement considéré comme l’un des meilleurs récupérateurs du Royaume. La preuve qu'il ne s'est pas trompé alors qu'une partie des supporters marseillais avait eu du mal à encaisser sa décision de rejoindre Birmingham après dix-sept saisons passées dans la cité phocéenne.

Son capitaine, l’Écossais John McGinn, le voit comme "un joueur de classe mondiale", et son coach Unai Emery loue régulièrement son "immense potentiel". Depuis le début de la saison, Kamara n’a raté qu’un seul des 19 matchs disputés par son club toutes compétitions confondues. Et encore, il aurait été titulaire face aux Bosniens de Zrinjski en Ligue Europa Conférence s’il n’avait pas ressenti une petite gêne physique. Sixième joueur le plus utilisé de l’effectif, il enchaîne les grosses performances au sein d’une formation qui pointe à la cinquième place de la Premier League après 12 journées, à trois points seulement du leader Manchester City.

Un duo redoutable avec Douglas Luiz

A tel point que les fans des Villans, qui l’ont renommé "la Rolls-Royce", se demandent comment leurs dirigeants ont réussi à l’attirer sans débourser la moindre indemnité de transfert. "Quand je suis arrivé (en octobre 2022 à la place de Steven Gerrard), j’ai échangé avec des personnes qui ont travaillé avec lui à Marseille comme Andoni (Zubizarreta, ex-directeur sportif de l’OM). Ce qui me marque, c’est qu’il joue très bien et surtout qu'il est toujours attentif à la façon dont il peut améliorer son jeu et ses capacités avec ou sans ballon", expliquait Emery auprès de Sky Sports en début d’année. Freiné la saison dernière par des blessures, Kamara semble cette fois épargné par son corps. Et prêt à passer un nouveau cap.

Précis dans son placement, capable de conserver le ballon et de le distribuer proprement sous pression, celui qui aime à la fois être le premier rempart de sa défense et accompagner les actions de ses attaquants s’est rendu indispensable. Surtout, il forme avec le Brésilien Douglas Luiz l’une des paires les plus efficaces d’Angleterre. Un duo qui avait asphyxié l'entrejeu de Chelsea fin septembre lors d’une victoire 1-0 à Stamford Bridge. "Encore une performance exceptionnelle de Kamara. Il a été brillant. Il lit parfaitement le jeu et remporte tous ses duels", avait alors relevé le Birmingham Mail, qui lui avait attribué la meilleure note (9/10).

Il a aussi eu droit aux félicitations du jury une semaine plus tard après le 6-1 infligé au Brighton de Roberto De Zerbi. Là encore, la presse locale avait fait dans l’éloge: "Il a éteint et intimidé le milieu adverse. Toujours combatif et énergique, il a récupéré un nombre incalculable de ballons avec Douglas Luiz. Semaine après semaine, ils font partie des meilleurs joueurs de cette équipe."

Liverpool a un œil sur lui

Une progression qui ne surprend pas Nasser Larguet, ancien directeur du centre de formation de l’OM. "J’ai eu la chance de l’entraîner et je peux dire qu’il n’y avait pas besoin de faire de grand discours avec lui, disait-il dans un entretien pour The Athletic en septembre. J’ai travaillé avec beaucoup de jeunes joueurs talentueux dans plusieurs clubs français. Comme Lassana Diarra, Didier Drogba, Anthony Le Tallec, Florent Sinama-Pongolle… Des joueurs qui ont tous évolué rapidement en équipe première. Mais Kamara est tout en haut de ma liste. Je n’ai pas travaillé avec un meilleur jeune que lui. Il montrait déjà un vrai caractère et dans mon esprit il avait toutes les qualités pour réussir: physiques, techniques, mentales et d'adaptabilité. Avec moi comme avec ses autres coachs, il n’a jamais été remplaçant."

Jürgen Klopp s’est lui aussi laissé séduire selon la presse britannique. En quête d’un successeur à Fabinho, Liverpool a longtemps pensé à lui lors du dernier mercato estival, avant d’être refroidi par les exigences d’Aston Villa pour un élément sous contrat jusqu'en 2027. Nul doute que les Reds reviendront à la charge très vite s’il continue à enrichir sa palette, et à gratter des minutes en sélection.

Article original publié sur RMC Sport