"Ça peut un peu péter": à la Fête de l'Humanité, la Nupes sous très haute tension

Des retrouvailles au goût acre. Après un été agité sur le front de la Nupes qui se divise sur l'opportunité d'avoir une liste unique aux élections européennes, les élus de gauche se réunissent ce week-end pour la Fête de l'humanité organisée par les communistes.

Entre les stands de barbecue et les concerts d'Angèle et Martin Solveig, les débats pourraient bien tourner à la foire d'empoigne.

"Nos échanges ne peuvent pas être 'tu me lances une pique, je t'en envoie une'. Il faut qu'on arrive à fonctionner ensemble. On le doit aux gens pour garder espoir en vue de 2027", espère bien Sandrine Rousseau auprès de BFMTV.com.

"Pas là pour faire des polémiques à deux balles"

Mais pour l'instant, le pari semble loin d'être gagné. Si les insoumis espèrent toujours partir avec toute la gauche en juin prochain pour se présenter au Parlement européen, les écologistes tout comme les communistes ont déjà choisi leur tête de liste.

D'un côté, on trouve un très proche de Fabien Roussel - Léon Deffontaines -, de l'autre la députée européenne Marie Toussaint. Quant aux socialistes, Raphaël Glucksmann, déjà chef de file en 2019 pour "faire l'unité", pourrait bien les représenter.

Pour pimenter le tout, Ségolène Royal se serait bien vue représenter la gauche à la tête d'une liste commune. L'hypothèse, un temps poussée par Jean-Luc Mélenchon, a désormais du plomb dans l'aile. Mais promis, pas question de faire monter la pression de quelques degrés supplémentaires en dépit des critiques récurrentes de Fabien Roussel contre la Nupes.

"Nos débats sont là pour créer des discussions, pas pour faire des buzzs à deux balles", assure ainsi le sénateur communiste Fabien Gay et directeur de L'Humanité.

Pas de chance: une nouvelle polémique a agité les insoumis et les communistes ce jeudi. Fabien Roussel a appelé à "envahir" les préfectures et les stations-essences si le gouvernement refusait d'instaurer un tarif réglementé des carburants.

Réponse de Jean-Luc Mélenchon: "Cette initiative violente est purement personnelle". Autant dire que l'espoir d'échanges apaisés est loin.

"On n'a pas mis autour de la table des gens qui détestent l'union de la gauche"

Le programme des débats devrait cependant éviter la foire d'empoigne. Au menu des échanges les plus scrutés: une fausse séance à l'Assemblée nationale le samedi matin pour faire voter les spectateurs, animée par des figures de la Nupes avec l'insoumise Mathilde Panot, le socialiste Boris Vallaud et le porte-parole du PCF Pierre Dharéville.

"C'est bien, on n'a pas mis des gens autour de la table qui détestent l'union de la gauche", sous-titre un cadre socialiste.

"Ça peut un peu péter"

Quelques heures plus tard, ce sera au tour d'Ian Brossat, l'un de très proches de Fabien Roussel de discuter avec le numéro 1 du PS Olivier Faure, l'écologiste Sandrine Rousseau et François Ruffin qui siège avec les insoumis à l'Assemblée tout en faisant entendre sa différence.

"C'est le débat où ça peut un peu péter et on n'est pas à l'abri que Ruffin balance un ou deux trucs assez éloignés de nous et qui mettent un peu la pagaille", observe un député LFI.

Jean-Luc Mélenchon, qui ne participe à aucun débat mais se contente d'un live Twitch, ne devrait pas non plus se priver. En septembre dernier, l'ex-candidat à la présidentielle avait demandé à ce qu'on "arrête les jérémiades".

Un match entre Fabien Roussel et Édouard Philippe

Il répondait alors à François Ruffin et Fabien Roussel qui avaient regretté que la coalition de gauche n'ait pas reconquis les classes populaires. Du côté du patron du parti communiste, le risque d'être attaqué directement sur scène est inexistant. Et pour cause: c'est lui qui clôture les débats avec... Édouard Philippe.

Si ce n'est pas la première fois que le député du Nord fait le choix de la contre-programmation - il avait débattu avec Valérie Pécresse en 2021 -, certains grincent des dents.

"Je trouve ça bien qu'on débatte avec nos opposants politiques. Mais on peut aussi remarquer qu'il est souvent d'accord lui-même avec la droite", tance le député insoumis Antoine Léaument.

"Bon, au moins, on n'a pas à faire semblant d'être sympa avec les macronistes", soupire un socialiste, tentant de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Cette année, aucun ministre n'a été invité à l'exception de Clément Beaune qui a annulé sa venue qu'il "n'avait en réalité jamais confirmé", dixit les organisateurs.

Article original publié sur BFMTV.com