À Berlin, deux dissidentes russes empoisonnées ? Ce que l’on sait

L’Allemagne a ouvert une enquête ce samedi 20 mai après des soupçons d’empoisonnement de deux Russes lors d’une réunion de dissidents à Berlin.
L’Allemagne a ouvert une enquête ce samedi 20 mai après des soupçons d’empoisonnement de deux Russes lors d’une réunion de dissidents à Berlin.

INTERNATIONAL - Deux opposantes à Vladimir Poutine ont-elles été empoisonnées à Berlin ? Les investigations sont en cours en Allemagne après que le média russe d’investigation Agentstvo a révélé que deux femmes, l’une décrite comme journaliste et l’autre comme une militante en exil, sont tombées malades à la suite d’une réunion de dissidents organisée à Berlin, les 29 et 30 avril.

« Une enquête a été ouverte », a déclaré ce samedi 20 mai au soir un porte-parole de la police de Berlin à l’AFP, confirmant des informations du quotidien Die Welt. Elle a été confiée au service de protection de l’État, qui est chargé d’enquêter sur le terrorisme et les crimes politiques.

  • Qui sont les victimes ?

La première est présentée par le média russe comme une journaliste ayant récemment quitté la Russie. La deuxième participante est Natalia Arno, directrice de l’ONG Free Russia Foundation aux États-Unis, où elle vit en exil depuis dix ans après avoir dû quitter la Russie.

  • Que s’est-il passé selon les participantes ?

Les deux femmes ont assisté à une réunion de dissidents russes qui abordait le sort de l’homme d’affaires et opposant russe Mikhaïl Khodorkovsky.

La journaliste a déclaré avoir ressenti durant l’événement des douleurs, sans pour autant savoir si elles étaient survenues avant la réunion. Elle s’est ensuite rendue à l’hôpital berlinois de la Charité où avait été soigné l’opposant russe Alexeï Navalny en août 2020 après avoir été victime d’un empoisonnement au Novitchok.

La deuxième participante, Natalia Arno, décrit, elle, dans un message publié sur Facebook de « premiers symptômes étranges » et « des douleurs aiguës », apparus lors de son voyage à Berlin. La directrice de l’ONG Free Russia Foundation raconte qu’elle s’est ensuite rendue à Prague, en République Tchèque, pour une série de rencontres publiques sur la Russie. C’est après ces réunions que son état a empiré.

Natalia Arno Arno raconte également avoir trouvé, à Prague, la porte de sa chambre d’hôtel ouverte, et y avoir senti « une odeur étrange et piquante de parfum bon marché ». Contactées par l’AFP, les autorités tchèques ont simplement déclaré dans la semaine n’avoir « aucune information » sur cette affaire.

De retour aux États-Unis, la militante a dû être prise en charge médicalement. « Il existe des soupçons sur le fait que j’ai été empoisonnée avec un agent innervant (des poisons s’attaquant au système nerveux dont fait partie le Novitchok, ndlr) », a-t-elle déclaré à sa sortie de l’hôpital. Certains symptômes persistent encore aujourd’hui, même si elle affirme se sentir « mieux ».

  • Quels sont les précédents cas notables d’empoisonnement au Novitchok ?

Ces dernières années, plusieurs attaques ciblées ont été perpétrées à l’étranger et en Russie contre des opposants au pouvoir, et notamment au Novitchok. Moscou a toujours nié toute responsabilité de ses services secrets dans les différentes affaires.

Le poison Novichok a été spécifiquement développé par l’URSS à des fins militaires. Il ne s’agit pas d’un, mais d’une centaine de gaz innervants, présentés comme les gaz les plus mortels jamais créés. Novitchok signifie « nouveau venu » en russe et il porte bien son nom : ces substances ont été créées de telle façon qu’elles ne sont pas concernées par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques signée en 1993 et entrée en vigueur en 1997.

En 2020, l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny, aujourd’hui emprisonné, a été victime d’un grave empoisonnement en Sibérie, dont il accuse les autorités russes. Deux ans plus tôt, c’est l’ancien agent du KGB Sergueï Skripal et sa fille qui avaient déjà été empoisonnés au Novitchok au Royaume-Uni. Dans les deux cas, le Kremlin avait nié être impliqué.

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