Spike Lee La tension monte d’un Klan

Retour en grâce du cinéaste avec «BlacKkKlansman», une comédie grinçante inspirée par l’infiltration d’un flic afro-américain au sein de suprémacistes du KKK. Sous le décorum seventies, une charge virulente contre l’Amérique de Trump, primée à Cannes.

«BlacKkKlansman est le film dont tout le monde parle», à en croire le New York Times, et ce n’est pas là la moitié d’une surprise, si l’on considère dans quelle déconfiture végétait la carrière de son auteur, Spike Lee, depuis une douzaine d’années. Confiné dans d’humiliantes sorties directement en vidéo de derniers films qui méritaient rarement mieux, le cinéaste new-yorkais - auteur, à son meilleur, de Do the Right Thing ou la 25e Heure - n’était pas forcément attendu cette année en compétition au Festival de Cannes, dont il a pourtant ravi la médaille d’argent, sous la forme d’un grand prix du jury.

Quelques mois plus tard, son BlacKkKlansman devenait un succès public au box-office américain, et en effet le film le plus discuté de l’été aux Etats-Unis : non pas tant à propos de ses mérites cinématographiques, qui ne font guère débat (bien qu’on puisse le trouver inégal), que pour sa richesse thématique indéniable, ses libertés avec «l’histoire vraie» dont il fait son fond de sauce (la mission d’infiltration opérée dans les années 70 par un enquêteur noir parmi les suprémacistes blancs du Ku Klux Klan) et son inclination à pousser dans les ultimes retranchements de la farce tous les curseurs des problématiques identitaires les plus résonantes et à vif de la société américaine contemporaine, tout à la fois par des jeux d’allusion, de langage, de collages et de masques - jusqu’à raccorder sur les images d’actualité de paroles et violences meurtrières survenues il y a un an, dans l’Amérique de Trump, à Charlottesville.

Paradoxes identitaires

Quoiqu’il relate donc comment le premier flic noir à intégrer en 1979 les forces policières de Colorado Springs - un certain Ron Stallworth (campé à merveille par John David (...)

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