Spielberg, aventurier de l’âge perdu

A 71 ans, le cinéaste est désormais le maître d’œuvre d’un cinéma bien plus sombre, loin de l’image d’enfant qui ne voulait pas grandir attachée à ses premiers films.

Alors que certains cinéastes américains (David Lynch, Michael Mann) dévient peu par rapport à leur statut initial, Steven Spielberg, au bout de presque cinquante ans de carrière, aura tout connu : enfant prodige avec Duel à 25 ans, un «premier film parfait» (l’expression est de François Truffaut) ; inventeur du blockbuster avec les Dents de la mer ; roi du monde et de l’enchantement des années 80 dans le sillage d’E.T., ce «rêve de film» (selon le critique Jean Narboni) ; symbole honni du cinéma pop-corn et du merchandising à outrance un peu plus tard ; cinéaste unanimement acclamé et respecté aujourd’hui.

Mais s’il y a bien une chose qui a presque toujours accompagné sa carrière, c’est son image d’enfant qui ne voulait pas grandir, de «Peter Pan» du cinéma. On guettait chaque fois le moment ou le grand gamin passerait à l’âge adulte : la Couleur pourpre, peut-être ? La Liste de Schindler ? Mais non, ce n’était jamais encore tout à fait le moment… Au tournant des années 2000, lorsqu’il a exploré une veine vraiment sombre, surprenante, complexe, avec des films comme AI, la Guerre des mondes ou Minority Report, on a dit que c’était enfin arrivé. Les fans de la première heure, déstabilisés, n’hésitaient pas à l’accoster dans la rue : «Eh, on préférait vos films d’avant, E.T. ou les Aventuriers de l’Arche perdue, ils étaient plus marrants !»

Adulte. Que doivent-ils penser depuis le début de la décennie, avec des œuvres comme Lincoln, le Pont des espions ou Pentagon Papers et un certain «esprit de sérieux» qui semble avoir conquis le cinéma étoilé du créateur des Rencontres du troisième type ? D’excellente facture certes, ils interrogent l’Amérique, l’Histoire de manière fort intelligente. Mais quelque chose s’est assagi en eux, apaisé. Et il faut parfois gratter derrière une once d’académisme (édifiée avec (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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