Soupçons de trahison à la DGSE, deux ex-agents écroués

PARIS (Reuters) - Les deux ex-agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) mis en examen et écroués en décembre dernier pour trahison présumée au profit d'une puissance étrangère ont pu livrer des informations mettant "potentiellement en cause la sécurité de l'Etat" français, a déclaré vendredi la ministre des Armées.

Le ministère des Armées a confirmé jeudi soir dans un communiqué que "deux de ses anciens personnels et la conjointe de l'un d'entre eux" avaient été déférés devant un juge d'instruction pour "des fait susceptibles de constituer les crimes et délits de trahison".

Les faits ont été révélés jeudi par l'émission "Quotidien", sur TMC, qui affirme que ces espions présumés avaient été recrutés par les autorités chinoises.

Les autorités françaises se refusent à confirmer l'implication possible de la Chine.

Interrogé sur le sujet en marge de son déplacement en Russie, Emmanuel Macron n'a pas voulu commenter plus avant cette affaire "qui est dans les mains, aujourd'hui, de la justice."

Un conseiller du président a déclaré à Paris devant des journalistes que la France pouvait avoir "un dialogue franc" avec Pékin, sans plus élaborer.

Les trois suspects ont été mis en examen le 22 décembre dernier, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Une enquête préliminaire avait été ouverte en avril 2017, suivie d'une information judiciaire en mai. C'est la DGSE, après avoir détecté des agissements "d'une extrême gravité", qui a saisi le parquet de Paris en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale.

L'enquête a été confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), "compétente pour les atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation", a-t-on dit de même source.

"CES CHOSES-LÀ PEUVENT ARRIVER"

Les deux ex-agents font face à des accusations de "livraison à une puissance étrangère d'informations portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation", "collecte d'informations portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation en vue d'une livraison à une puissance étrangère" et "compromission du secret de la Défense nationale par une personne dépositaire du secret de la Défense nationale".

L'une de ces deux personnes a aussi été mise en examen pour "provocation directe au crime de trahison", précise-t-on de source judiciaire.

Elles ont toutes deux été placées en détention provisoire.

La troisième personne a été mise en examen pour "recel des crimes et délits de trahison", selon cette même source. Elle a été placée sous contrôle judiciaire.

Les agents concernés, aujourd'hui à la retraite, "ont appartenu dans le passé à la DGSE", selon le ministère des Armées.

Florence Parly a déclaré vendredi sur CNews que les agents étaient "très probablement" en service au moment des faits.

Les informations qu'ils sont soupçonnés d'avoir livrées - et dont la ministre a refusé de préciser la nature - "peuvent potentiellement mettre en cause la sécurité de l'Etat", a-t-elle souligné.

"Nous vivons dans un monde dangereux, malheureusement ces choses-là peuvent arriver", a-t-elle ajouté, assurant que les services du ministère étaient d'une "extrême vigilance" dans ce domaine.

Selon Le Monde, qui cite une source proche du dossier, les personnes mises en examen sont soupçonnées d’avoir livré des informations sur les méthodes de travail du renseignement extérieur français.

(Sophie Louet avec Emmanuel Jarry, Jean-Baptiste Vey et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)