Soupçons de tortures à la base de Sde Teiman sur des Palestiniens : Tel Aviv dit enquêter

(Image d’illustration montrant un centre israélien de détention de migrants près de la frontière avec l’Égypte, en février 2018)
MENAHEM KAHANA / AFP (Image d’illustration montrant un centre israélien de détention de migrants près de la frontière avec l’Égypte, en février 2018)

PROCHE-ORIENT - Des détenus palestiniens allongés 24h/24, les yeux bandés, dénudés et simplement habillés d’une couche. Voici quelques uns des détails évoqués par plusieurs lanceurs d’alertes et associations depuis des semaines. Ces abus dégradants auraient pris place au sein de la base israélienne de Sde Teiman, dans le désert du Néguev.

L’Espagne furieuse contre Israël après le partage d’une vidéo mélangeant flamenco et Hamas

Alors que Tel Aviv est pointé du doigt ce lundi 27 mai après des frappes qui ont fait plusieurs dizaines de morts dans un camp de déplacés près de Rafah, des investigations sont en cours concernant la base de Sde Teiman, a fait savoir lors d’une conférence de presse la générale de division Yifat Tomer Yerushalmi, l’avocate générale de l’armée.

« À ce jour, 70 enquêtes de la police militaire ont été ouvertes sur des soupçons d’infractions pénales. Ces enquêtes portent également sur les conditions d’incarcération au centre de détention de Sde Teiman et sur la mort de détenus par Tsahal. Nous traitons ces allégations très sérieusement et prenons des mesures pour les examiner », a-t-elle assuré.

Selon CNN et le Guardian, la base de Sde Teiman serait divisée en deux zones, dont une partie où jusqu’à 200 Palestiniens, soupçonnés par les autorités israéliennes d’être des terroristes ou de liens avec le Hamas, sont confinés dans des cages. Ces derniers, yeux bandés, seraient battus, punis, mais aussi forcés à rester debout ou à genoux pendant des heures. « S’ils ne parviennent pas à garder les mains levées, les militaires attachent les menottes aux barreaux de la cage. De nombreux détenus avaient des blessures infectées qui n’étaient pas correctement soignées », confie une source au Guardian.

Manque de médicaments antidouleurs

L’autre partie de la base de Sde Teiman est constituée d’un centre de soin pour des détenus blessés. Auprès de la BBC, plusieurs médecins qui ont témoigné sous couvert d’anonymat ont raconté que les patients, yeux bandés, étaient en permanence attachés par les quatre membres à leur lit. De quoi favoriser aussi l’apparition de plaies sur les membres.

Nus, ils ne disposeraient que d’une couche pour se soulager. Des sources évoquent également auprès des médias britanniques des opérations sans anesthésie ni antidouleurs.

De quoi susciter aussi les inquiétudes des organisations. En avril dernier, le groupe Physicians for Human Rights (Médecins pour les droits de l’Homme) s’est fait le relais de témoignages évoquant des détenus qui auraient subi de graves violences pouvant aller jusqu’à la mort. Outre demander la fermeture de Sde Teiman avec d’autres associations israéliennes de défense des droits de l’Homme, le PHR déplore dans un rapport que les médecins soient aussi encouragés à ne pas signer de documents afin d’éviter d’être identifié. De quoi « empêcher de possibles investigations ou des plaintes concernant l’éthique médicale et le professionnalisme ».

Depuis ces révélations de la presse, Tsahal a nié auprès de CNN ces abus, assurant notamment que les couches ne sont utilisées que sur des détenus venant de subir une opération chirurgicale et que « les détenus sont menottés en fonction de leur niveau de risque et de leur état de santé. Les autorités n’ont pas connaissance d’incidents de menottage illégal ».

Le camp de Sde Teiman, comme plusieurs autres, s’inscrit dans le cadre de la loi israélienne sur les combattants illégaux, une législation adoptée par la Knesset en décembre dernier. Outre élargir l’autorité de l’armée à détenir des militants présumés, elle permet de détenir une personne pendant 45 jours sans mandat d’arrêt.

À voir également sur Le HuffPost :

Reconnaissance de l’État palestinien : pourquoi Jean-Yves Le Drian appelle la France à le faire

Guerre à Gaza : Israël répond à la Cour internationale de justice qui prononce deux requêtes concernant Rafah