Soupçons de financement libyen de Nicolas Sarkozy: Carla Bruni a été entendue en audition libre
Carla Bruni a été entendue "en audition libre de personne mise en cause", jeudi 2 mai, dans le cadre de l'information judiciaire relative aux conditions de la rétractation de Ziad Takieddine. Son audition s'est terminée en début d'après-midi, aux alentours de 14h17, a appris BFMTV d'une source proche du dossier.
Carla Bruni a été entendue pendant quatre heures, soit la durée maximale en matière d'audition libre, dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCCIF).
Les officiers de police judiciaire, à qui elle faisait face, n'ont évoqué aucune poursuite à ce stade. Aucune décision immédiate n'a été prise par les magistrats instructeurs, confirme une source judiciaire à BFMTV. Le juge d'instruction peut cependant toujours la convoquer, à tout moment, s'il estime qu'il existe des indices grave ou concordants permettant sa mise en examen. Elle avait déjà était entendue comme témoin en juin 2023.
· De quoi parle-t-on?
On parle ici du dossier d'instruction portant sur les fausses rétractations de Ziad Takieddine dans le dossier libyen. Pour mémoire, Ziad Takieddine a été pendant des années le principal accusateur de Nicolas Sarkozy, celui qui à longueur d'interviews a répété que l'ancien président de la République a financé sa campagne présidentielle de 2007 grâce à l'argent de Muammar Kadhafi, l'ancien dignitaire libyen.
En novembre 2020, dans une interview à Paris Match et dans une vidéo diffusée sur BFMTV depuis le Liban, Ziad Takieddine était revenu sur ses accusations. Mais la justice a ouvert une enquête soupçonnant que cette rétractation était, en fait, une opération de corruption fomentée par le camp Sarkozy.
La justice pense que le camp Sarkozy a proposé de l'argent à Ziad Takieddine pour qu'il revienne sur ses accusations. Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy a été mis en examen notamment pour "recel de subornation de témoins" et "association de malfaiteurs".
· Pourquoi la justice s'intéresse à Carla Bruni?
La justice a commencé à s'intéresser à Carla Bruni après avoir entendu Michèle (Mimi) Marchand, la reine de la presse people mise en cause dans ce dossier. Celle-ci avait justifié plusieurs déplacements au domicile de Nicolas Sarkozy avant les faits en expliquant qu'elle allait simplement voir son amie, Carla.
Depuis, le juge qui mène les investigations a poussé ses recherches concernant Carla Bruni. Il s'est notamment aperçu que celle-ci avait supprimé tous ses messages échangés avec Mimi Marchant en juin 2021, lorsque celle-ci a été mise en examen.
Carla Bruni est, a minima, soupçonnée d'avoir joué un rôle pour mettre en relation les différents protagonistes de cette affaire de fausse rétractation. Les enquêteurs ont acquis le conviction que plusieurs personnes gravitant dans l'entourage du chef de l'Etat avaient monté cette opération baptisée "Sauver Sarko" pour lui venir en aide.
"Mme Carla Bruni-Sarkozy s’est rendue ce matin comme convenu à une audition libre qui a duré près de 3 heures", ont déclaré Paul Mallet et Benoît Martinez, ses avocats, dans un communiqué une fois l'audition de la chanteuse terminée. "Au cours de cette audition qui s'est déroulée dans un climat serein, elle a pu apporter l'ensemble des éclairages et explications utiles."