Soupçonné d'abus de biens sociaux, Arnaud Lagardère mis en examen et placé sous contrôle judiciaire
Arnaud Lagardère, PDG du groupe éponyme, a été mis en examen ce lundi 29 avril à Paris dans le cadre d'investigations notamment sur le financement par ses sociétés de son train de vie et de ses dépenses personnelles, a appris BFMTV auprès d'une source judiciaire, confirmant une information de l'AFP.
À l'issue d'une journée d'interrogatoire, il a été mis en examen pour "diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir, et non dépôt de comptes".
L'homme d'affaires a été placé "sous contrôle judiciaire avec interdiction de gérer et l’obligation de fournir un cautionnement de 200.000 euros", précise cette source.
Cette mise en examen intervient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 30 avril 2021, sur la base d'une plainte du fonds Amber Capital et de deux signalements: l'un de l'Autorité des marchés financiers, l'autre du Haut conseil du commissariat aux comptes.
Des "dépenses personnelles" qui interrogent
Les faits ont été commis entre avril 2009 et décembre 2022, rappelle l'AFP. L'homme d'affaires est soupçonné d'avoir "fait financer son train de vie et ses dépenses personnelles en puisant dans les fonds des sociétés Lagardère SAS et Lagardère".
Pendant plusieurs années, ces sociétés "auraient notamment pris en charge des dépenses liées aux immeubles qu'il occupe ainsi qu'une créance successorale et de nombreuses avances en compte courant", indique une source judiciaire à l'Agence France presse.
Arnaud Lagardère a hérité de l'empire bâti par son père, Jean-Luc Lagardère, à sa mort en 2003.
Dans la décennie suivant la mort de Jean-Luc Lagardère, son héritier s'est endetté, a cédé la branche aérospatiale EADS et vendu plusieurs médias. Il a renoncé en 2021 à la commandite par actions, statut créé par son père qui leur a permis à tous les deux successivement de diriger le groupe Lagardère avec moins de 10% du capital, précipitant ainsi le démantèlement de l'empire familial.
En novembre 2023, la famille Bolloré et son géant des médias et de l'édition, Vivendi, ont pris le contrôle du groupe Lagardère.
Un autre volet de cette affaire concerne une assemblée générale du groupe Lagardère en mai 2018, lors de laquelle le Qatar, actionnaire de référence, avait fait volte-face au dernier moment en modifiant son vote, initialement en faveur d'Amber Capital, pour finalement soutenir la gouvernance.
Ce vote était intervenu dans le cadre de la lutte d'influence entre Vincent Bolloré, allié d'Amber Capital, et Bernard Arnault, PDG de LVMH, qui soutenait Arnaud Lagardère.