Et soudain, Monsieur Europe n’a plus parlé d’Europe

“Emmanuel Macron, l’homme qui aime parler de l’Europe, n’a pas laissé un instant aux discussions sur l’Europe” dimanche 9 juin, ironise Wolfgang Münchau, chroniqueur allemand du New Statesman, au lendemain du coup de poker tenté par le président français, très commenté par la presse internationale tout au long de la journée.

“Sa décision, politiquement périlleuse, de convoquer des législatives anticipées en France a détourné l’attention du scrutin européen en faveur de la politique intérieure”, poursuit Münchau.

Un comble, insiste le journaliste allemand, d’autant plus que les calendriers national et continental risquent de s’entrechoquer : le premier tour des législatives, prévu le 30 juin, intervient trois jours seulement après le sommet européen censé déboucher sur la nomination d’un candidat au poste de président de la Commission. “Cela réduit potentiellement les chances de voir Ursula von der Leyen rempiler pour un second mandat”, avance cet europhile convaincu dans les colonnes de l’hebdomadaire britannique de gauche.

“Car si Emmanuel Macron refuse de s’exprimer sur la question, elle pourrait perdre l’élan” suscité par les bons résultats de la droite européenne.

Une cohabitation affaiblirait surtout Macron

Lui, le chantre du projet européen, “se lave les mains des implications pour l’UE de sa manœuvre machiavélique”, regrette Wolfgang Münchau. Pire : et si “son pari” échouait ? “Tous ceux qui ont vu le débat entre Jordan Bardella et Gabriel Attal seront d’accord pour dire que le second l’a emporté, et pourtant le premier a continué d’engranger des voix”, note le journaliste.

Rien n’indique, dans ces conditions, que le cordon sanitaire autour du RN tienne cette fois encore. Le parti d’extrême droite n’est plus perçu comme une menace par de nombreux électeurs. Après tout, la dirigeante nationaliste “Giorgia Meloni a prouvé en Italie qu’elle n’était pas aussi dangereuse qu’anticipé”, appuie Münchau. En d’autres termes : s’il arrivait à la tête du gouvernement, le RN ne se décrédibiliserait pas forcément, comme semble l’escompter le chef de l’État.

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