SOS Homophobie alerte sur une « vague de transphobie » en France : « Les braises de la LGBTIphobie sont allumées »

500 cas de transphobie ont été recensés par SOS Homophobie, contre 227 l’année dernière.
Arusyak Pivazyan via Getty Images 500 cas de transphobie ont été recensés par SOS Homophobie, contre 227 l’année dernière.

LGBT+ - « La France, un pays Transphobe ? » Si l’on en croit les chiffres et les témoignages publiés par SOS Homophobie, l’association a raison de se poser la question dans son rapport annuel. En 2023, 2 377 cas de LGBTphobies ont été recensés en France, un chiffre issu du traitement des 2 085 témoignages reçus via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes (ligne téléphonique, plateforme en ligne…).

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« Si notre méthodologie de traitement des témoignages reçus a évolué depuis le précédent rapport, qui recensait 1 506 témoignages, nous constatons que les violences et la haine antiLGBTI ne faiblissent pas », précise l’association dans son édito.

Parmi les cas recensés, 21 % sont de nature transphobe, soit 500 actes, contre 227 l’année précédente. « Depuis 2020, la transphobie est en augmentation », affirme l’association, qui dénonce une « vague ». L’année dernière déjà, SOS Homophobie alertait sur « une explosion des violences » contre les personnes trans.

Un contexte brûlant

L’association observe, depuis plusieurs années, une « libération de la parole transphobe » et une « intensification des discours conservateurs et essentialistes ». En 2024, deux propositions de lois ont été déposées, l’une du RN, l’autre des Républicains, visant à restreindre voire à interdire l’accès des mineurs trans aux transitions de genre. Face à la hausse des discours transphobes, des milliers de manifestants se sont réunis Place de la République à Paris le 5 mai dernier pour défendre les droits des personnes trans.

SOS homophobie rappelle que ces discours ont des effets délétères sur la vie des personnes trans en France, qu’ils les précarisent, et menacent leur intégrité et leur santé. Selon le rapport, le rejet reste la manifestation la plus courante de la transphobie, dans 79 % des cas. Dans 28 % des cas, les personnes ont subi des insultes, des discriminations dans 16 %, du harcèlement dans 13 %, des menaces dans 11 % et des agressions physiques dans 10 % des cas.

L’existence des transidentités remise en question

« Un quart des cas de transphobie ont lieu sur Internet. (...) Enfin, notons que près d’une personne sur dix est victime de transphobie dans le milieu familial ou l’entourage proche », détaille le rapport. Pour SOS Homophobie, les stéréotypes de genre demeurent le moteur de la transphobie. Et « les préjugés et les discriminations sont alimentés par un discours essentialiste anti-trans », qui remet en cause l’existence de la transidentité.

L’idée qu’il s’agisse d’un trouble mental « est toujours d’actualité », et les thérapies de conversion sévissent encore, sous une forme déguisée. C’est ce que montre le témoignage de Camille, 15 ans, qui a été « placé·e dans un centre de soins pour adolescent·es peu de temps après son coming out auprès de sa famille, ouvertement transphobe ». « D’autres affirmeront que les personnes trans ne sont que des personnes homosexuelles refoulées », toujours dans le but de nier leur existence, avance le rapport.

Face à ce constat alarmant, SOS homophobie réclame le soutien du gouvernement pour lutter contre les attaques transphobes et garantir les droits des personnes trans. L’association demande, entre autres, la fin des mutilations des enfants nés intersexes, l’accès à la PMA pour toutes les personnes, sans considération de l’identité de genre, ou encore la simplification des démarches pour les mineurs trans dans leur parcours de transition.

« Les braises de la LGBTIphobie sont allumées »

D’une manière plus générale, SOS Homophobie a enregistré en 2023 un niveau « inquiétant » de violences et discriminations subies par les personnes LGBT+. L’association s’est dite « extrêmement » préoccupée pour l’année 2024, lors d’une conférence de presse ce mercredi. « On a l’impression que les braises de la LGBTIphobie sont allumées et que le feu est prêt à prendre. 2024 est une année qui nous préoccupe particulièrement », a expliqué la nouvelle présidente de SOS Homophobie, Julia Torlet.

« Ces braises vont prendre feu si le gouvernement, les autorités ne réagissent pas. Et on risque de se retrouver dans une situation de violences comme celle qu’on a connue en 2012-2013 », a-t-elle alerté. En 2013, année où les personnes LGBT + ont obtenu le droit de se marier, 3 517 témoignages avaient été récoltés par l’association, un bien triste record.

L’année dernière a aussi été marquée « par la violence voire l’hyperviolence exercée, à une écrasante majorité, contre des hommes cis, gays ou bi ou présumés gays ou bi », avec le phénomène de plus en plus important des « guets-apens », a souligné Julia Torlet. Selon elle, il y a une « véritable urgence » à agir en raison d’une « banalisation de la parole haineuse et une légitimation » de celle-ci, notamment dans les médias.

SOS Homophobie précise par ailleurs qu’il est compliqué d’affirmer avec certitude que la France fait face une augmentation significative des LGBTphobies, malgré les témoignages reçus en hausse. Ils ne représentent en effet qu’une petite partie des violences et discriminations que subissent au quotidien les personnes LGBT +. « Les difficultés à porter plainte, à sortir du secret des expériences de rejet, de discrimination, de violence ou à mettre des mots sur des situations complexes et parfois insidieuses, cachent bon nombre de cas de LGBTIphobies », rappelle l’association.

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