Sortie cinéma : Derrière le film « Les Fantômes », l’histoire vraie d’un mystérieux groupe d’activistes syriens

Adam Bessa, ici dans « Les Fantômes » de Jonathan Millet.
Films Grand Huit/Kris Dewitte Adam Bessa, ici dans « Les Fantômes » de Jonathan Millet.

CINÉMA - Adam Bessa est de retour sur nos écrans. Ce mercredi 3 juillet, l’acteur franco-tunisien vu dans la série Ourika et récompensé au Festival de Cannes en 2022, pour son jeu d’interprétation dans le film de Lotfy Nathan Harka, est à l’affiche des Fantômes, polar captivant de Jonathan Millet dans lequel il campe un mystérieux espion.

Hamid - son personnage - est originaire de Syrie. Rescapé de la prison militaire de Saidnaya près de Damas, dont on raconte qu’elle est la plus meurtrière du régime, il vit à Strasbourg, à la frontière avec l’Allemagne où il lui a été accordé le statut de réfugié de guerre.

En Alsace, il n’a pas d’attaches. Pourtant, hors de question de s’en aller. Et pour cause, il pense avoir mis la main sur une vieille connaissance : un de ses anciens bourreaux. Il ne l’a jamais vu de ses propres yeux, son visage lors des interrogatoires ayant toujours été recouvert d’un sac. Mais le doute au sujet de cet homme qu’il vient de croiser à la bibliothèque de l’université le hante.

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Et le pousse à en parler aux autres membres de l’organisation secrète dont il fait partie : une cellule de réfugiés qui se sont donné pour mission de traquer les anciens criminels de guerre syriens venus s’installer en Europe pour y refaire leur vie incognito. Même s’ils tentent de dissuader Hamid d’enquêter, ce dernier, motivé par la vengeance, s’enfonce dans sa traque.

L’histoire vraie derrière Les Fantômes

Aux origines de ce thriller percutant, il y a une histoire vraie : celle de la cellule Yaqaza, véritable organisation ultrasecrète d’opposants syriens dont l’enquête a permis l’arrestation, en 2019, d’un certain Abou Hamza dit « le chimiste », un ancien membre de l’État Islamique à Raqqa.

Résidant en Allemagne depuis 2015, où il étudiait la chimie à l’université de Göttingen sous le pseudonyme de Kais A., Abou Hamza était entre autres suspecté d’être impliqué dans la mort de plusieurs combattants de l’Armée syrienne libre et d’avoir joué un rôle clé dans l’enlèvement de Nicolas Hénin et Pierre Torres, deux des ex-otages français du groupe terroriste.

Comme le raconte cet article de Libération, la cellule Yaqaza (un nom qui signifie « le réveil ») est la première à avoir fait le lien avec la véritable identité du criminel. « Les Syriens exilés parlent beaucoup entre eux, nous obtenons la plupart de nos informations grâce à des gens qui nous donnent des indices sans même s’en rendre compte », ont expliqué ses membres au quotidien, à qui ils ont confié un document de huit pages restituant leur chasse à l’homme.

Comme dans le film de Jonathan Millet, ils sont un peu moins de dix et motivés par les mêmes raisons. « Nous ne sommes pas partis de Syrie pour profiter des bières allemandes, recevoir de l’argent de l’État et trouver un bon travail. Nous sommes là parce que nous ne pouvions pas continuer la révolution en Syrie et nous la poursuivons donc ici », ont-ils précisé dans leur message collectif à Libération.

Les Fantômes, un film sensoriel

De l’identification du suspect organisée en secret à Beyrouth à leur processus de filature, en passant par leurs faux noms ou le déchirement du groupe sur les potentielles conséquences de l’arrestation… Le réalisateur français s’est beaucoup inspiré de leur mode opératoire pour créer cette fiction.

Il dit avoir complété ce travail de restitution avec une année passée « à se documenter » sur des cellules similaires et « à rencontrer certains membres ». « S’il n’a jamais existé aucun Hamid poursuivant un Harfaz, la plupart des actions, des faits et des façons des personnages repose sur du concret », assure le cinéaste dans les notes de production.

Illustration supplémentaire : les échanges entre les espions de l’organisation secrète au travers d’un jeu vidéo de guerre. « Qu’on soit terroriste ou membre de ces cellules, il faut bien pouvoir communiquer. Or, quel est le seul endroit en ligne où l’on peut répéter quinze fois les mots ’bombes’, ’attaques’, ’mort’, ’tuer’ sans être repéré par des algorithmes ? », soulève Jonathan Millet.

Les Fantômes aurait pu être un documentaire sur l’espionnage. Le cinéaste a préféré la fiction pour exprimer un point de vue, celui de ses personnages qui ne sont pas de « vrais » espions, mais « des héros tragiques » mus par des traumas. Et ce, au gré d’une mise en sensorielle. On écoute avec Hamid les témoignages glaçants des victimes de son bourreau. On sent avec lui l’odeur de son cou à la cafétéria. On traverse le même tourbillon de pensées. Et comme lui, on se demande nous aussi si finalement, on n’avait pas faux sur toute la ligne ?

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