Sophia Chikirou rejoint des comptes complotistes qui ne comprennent rien à ces offres d’emploi

Sophia Chikirou, photographiée à l’Assemblée nationale en février (illustration)
LUDOVIC MARIN / AFP Sophia Chikirou, photographiée à l’Assemblée nationale en février (illustration)

POLITIQUE - Ce n’est un secret pour personne « l’Armée de Terre recrute », comme on peut l’entendre à longueur de spots, ou le lire sur certains panneaux publicitaires. Précisément, 16 000 postes sont à pourvoir selon le site spécialement consacré aux offres mises en ligne par le ministère des Armées. Or, pour certains acteurs de la désinformation en ligne, dont le compte X Zoé Sagan (affichant près de 200 000 abonnés), il s’agit d’une preuve que l’État s’apprête à envoyer des « chômeurs en Ukraine ».

À l’appui, une annonce intitulée « Combattant Engins Blindés », et dans laquelle la « mission » correspondant au poste évoque « la destruction des véhicules blindés ennemis par l’utilisation des différentes armes de l’unité ».

« Refusez la guerre »

Une interprétation partagée par la députée LFI de Paris Sophia Chikirou, qui a partagé ce mercredi 27 mars sur son compte X une annonce similaire. « Qui est prêt à aller sur le front pour 1970 euros bruts par mois ? Cette offre est publiée dans de nombreux départements. L’État crée des emplois avec la guerre. Citoyens français : n’allez pas mourir pour des industriels ! Refusez la guerre ! Ne répondez pas ! », a dénoncé la parlementaire, en publiant une capture d’écran de l’offre et un lien vers l’annonce.

Or, premier problème, personne ne va « sur le front » pour 1970 euros brut, comme le croit Sophia Chikirou. Puisque, comme ceci est pourtant mentionné dans l’annonce qu’elle partage, une opération extérieure (dite Opex dans le jargon militaire) enclenche une rémunération jusqu’à 2,5 fois supérieure à ce que perçoit le militaire lorsqu’il demeure dans son régiment sur le territoire national. Ce qui, ici, donnerait un traitement de près de 5 000 euros bruts au soldat concerné.

L’armée en manque de 2000 militaires, au moins

Vient ensuite l’assertion suivante : « l’État crée des emplois avec la guerre ». Ce qui laisse entendre que ce plan de recrutement est à lire à l’aune de la déclaration d’Emmanuel Macron, pour qui rien ne devrait être exclu dans le cadre du soutien à l’Ukraine, envoi d’hommes compris. Pourtant, il s’agit seulement de répondre aux carences de l’armée française. Fin 2023, la Grande Muette accusait un déficit estimé entre 2 000 et 2 500 militaires.

« Le phénomène ne concerne pas seulement la France. La Bundeswehr ou l’US Army rencontrent elles aussi des difficultés. En Allemagne, les recrutements sont en recul de 7 %, selon une information du Spiegel. Aux États-Unis, l’armée a raté ses objectifs de 25 % en 2022 laissant 15 000 places vacantes », notait Le Figaro au mois d’octobre. Raison pour laquelle, effectivement, le site de France Travail (ex-Pôle emploi) relaie de nombreuses offres portant la mention « combattant » ou « militaire du rang » ou autres « opérateurs défense ».

Puisqu’il s’agit seulement de rattraper les besoins en la matière, fixés par la Loi de programmation militaire votée par le Parlement à l’été 2024, souhaitant « améliorer l’attractivité de ses métiers et la fidélisation des personnels dans un contexte de fortes tensions sur ses ressources humaines ». Pourtant parlementaire, Sophia Chikirou semble découvrir ces annonces, puisqu’elle s’étonne dans un second tweet : « encore une offre, Combattant infanterie ».

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