Pour qui sonne le glacier ?

Ça y est. Le Venezuela est le premier pays dans l’histoire récente à avoir perdu tous ses glaciers. Son dernier glacier, situé dans la montagne andine de la Sierra Nevada de Mérida, a tant fondu qu’il a été reclassé en champ de glace par les scientifiques”, annonçait El Nacional le 12 mai. Connu sous le nom de La Corona, le glacier sur le pic de Humboldt “couvrait autrefois 450 hectares, contre moins de 2 aujourd’hui”, rappelle le quotidien. Depuis 2011, il était l’ultime de la cordillère des Andes vénézuéliennes, les cinq autres ayant déjà disparu.

Le moment où les scénarios catastrophiques du changement climatique deviennent réalité est donc arrivé. Et c’est effroyable. On laissera au président de la République française, Emmanuel Macron, l’étonnement formulé par son désormais célèbre “Qui aurait pu prédire ?” Cela fait des années que les scientifiques du monde entier alertent régulièrement sur la vulnérabilité des glaciers compte tenu du dérèglement climatique. En 2022, par exemple, l’Unesco estimait dans un rapport qu’un tiers des quelque 18 600 glaciers répartis dans 50 sites inscrits au patrimoine de l’humanité disparaîtraient d’ici à 2050. Le Smithsonian Magazine rappelait alors qu’il s’agissait de lieux “emblématiques”, comme le mont Kilimandjaro en Tanzanie, les Dolomites en Italie, ou encore la chaîne de l’Himalaya, qui s’étend du Pakistan au Tibet, et les parcs américains de Yosemite et de Yellowstone. On ne pourra pas dire qu’on n’était pas prévenus.

Pourtant, aujourd’hui, à l’annonce de l’agonie du dernier glacier du Venezuela, on en vient à se demander si le cerveau humain parvient vraiment à prendre la mesure de ce que les projections en 2035, 2050 voire 2100 signifient concrètement. Faut-il que quelque chose disparaisse à jamais pour en reconnaître la valeur ?

Difficile à trancher, mais ce qui frappe, c’est la réaction de la population, des scientifiques et des écologistes. Tant que la disparition des glaciers est conceptuelle, on se satisfait, ou on fait semblant de se satisfaire, de solutions de derniers recours. Aujourd’hui, le projet gouvernemental de couvrir La Corona d’une énorme bâche pour ralentir la fonte est vivement critiqué plutôt que salué, rapporte El País.

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