Sondages législatives 2024 : après les européennes, comment lire l’enquête qui donne le RN en tête

Un premier sondage a été publié pour les élections législatives après les résultats des européennes.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Un premier sondage a été publié pour les élections législatives après les résultats des européennes.

POLITIQUE - D’un hémicycle de 720 places à un autre de 577 sièges. Tout juste la page des européennes est-elle tournée que s’enclenche la campagne des élections législatives. Telle est la conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée dimanche 9 juin par Emmanuel Macron sitôt la débâcle de son camp et la victoire historique du RN actées.

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Et qui dit campagne, dit sondages. Le premier a été réalisé ce lundi 10 par l’institut Toluna Harris Interactive pour M6-RTL et Challenges. Ses enseignements sont, sans surprise, dans le prolongement des résultats des européennes.

Après les 31,4 % obtenus par la liste de Jordan Bardella, le Rassemblement national est crédité de 34 % des intentions de vote si le premier tour, qui aura lieu le 30 juin, se déroulait ce dimanche. La Nupes arrive en deuxième position avec 22 %, devant la majorité présidentielle (19 %). Quatrième, le parti Les Républicains obtient 9 %.

Le RN trois fois plus haut qu’en 2022

L’institut Harris tente aussi des projections et dessine un palais Bourbon totalement inédit. Les calculs pointent de 235 à 265 sièges pour le RN qui en compte à peine 90 dans l’Assemblée sortante. La majorité présidentielle est pour sa part donnée à 125-155 sièges contre 250 aujourd’hui. Quant à la Nupes, elle est créditée de 115 à 145 élus soit un total proche de la situation actuelle (144). Enfin, LR pourrait également chuter, passant de 61 à 40-55 sièges.

Le rapport de force est proche d’un sondage réalisé fin 2023 par Ipsos pour Les Républicains que Le Nouvel Obs a révélé au printemps. Il établit que le RN a des chances de devenir le premier parti de France à l’Assemblée mais qu’il devra trouver des alliés s’il n’obtient pas les 289 sièges requis pour avoir la majorité absolue.

Une fois ce constat émis, quelques réserves s’imposent. Tout d’abord en évoquant le caractère national de ce sondage alors que les législatives correspondent à 577 élections locales avec un contexte particulier et des configurations électorales différentes.

Union et participations peuvent changer la donne

Illustration avec les candidatures. Le sondage a testé l’hypothèse d’une gauche unie derrière la Nupes comme c’était le cas en 2022 ; mais les discussions sont actuellement nourries dans ce camp pour savoir si une telle union est toujours possible deux ans plus tard. Même chose à l’extrême droite d’ailleurs puisque des discussions sont en cours entre le RN, certains cadres des Républicains et d’autres de Reconquête. Même à la marge, une union inédite bouleverserait les rapports de force.

Enfin, quelle attitude pour la majorité ? Contre qui la Macronie présentera-t-elle des candidats ? Et dans quels cas appellera-t-elle à voter pour le rival du RN ? Voilà trois questions sans réponse claire à l’heure actuelle alors que la campagne vient à peine de débuter et que les candidatures sont ouvertes jusqu’à dimanche 16 juin, 18 heures.

Une autre interrogation concernera la participation au scrutin puisque cette donnée a des incidences sur les candidats qui peuvent se qualifier. Si les européennes ont eu lieu à la proportionnelle à un tour, les législatives offrent en effet des possibilités de triangulaires pour ceux qui obtiennent plus de 12,5 % des inscrits au premier tour.

« Nous l’avions vu en 2022, entre des rapports de force de 1er tour et la composition de l’hémicycle à l’issue du scrutin il peut y avoir des différences liées au mode de scrutin et aux comportements électoraux adoptés dans ce contexte, notamment au second tour », reconnaît d’ailleurs le sondeur Harris. Bref, ce premier sondage marque surtout une photo de l’opinion au départ de cette campagne éclair. Elle confirme que le Rassemblement national est bien le favori de cette élection et que ses rivaux sont condamnés à l’union pour empêcher Jordan Bardella de succéder à Gabriel Attal à Matignon.

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