Ce sondage secret des Républicains fait le bonheur du Rassemblement national, qui n’hésite pas à le dire

"L’Obs" révèle les résultats d’une étude commandée à Ipsos par le parti d’Éric Ciotti au mois de décembre, alors que l’hypothèse d’une dissolution flottait dans l’air.

POLITIQUE - Que se passerait-il si Les Républicains, à l’occasion d’un dépôt de censure au Palais Bourbon, appuyaient sur le bouton conduisant à la dissolution de l’Assemblée nationale ? C’est pour avoir un début de réponse à cette question existentielle que le parti d’Éric Ciotti a (discrètement) commandé un sondage au mois de décembre, rapporte L’Obs ce vendredi 15 mars. Celui-ci n’avait pas vocation à devenir public.

L’idée derrière cette étude réalisée par Ipsos : mesurer les conséquences (et surtout les éventuelles pertes) sur le groupe LR en cas de censure du gouvernement, dans l’hypothèse d’un recours au 49-3 lors de l’examen (houleux) de la loi immigration. « Nous voulions prendre le pouls du pays », confirme à L’Obs l’entourage du député des Alpes-Maritimes. Et alors que les débats tournaient autour de l’inscription du principe lepéniste de priorité nationale dans la loi, c’est le Rassemblement national qui aurait engrangé les bénéfices de la séquence.

Hémorragie en Macronie et à gauche

Et de loin. Puisqu’il s’agit de la toute première étude projetant une majorité à l’Assemblée nationale pour le parti présidé par Jordan Bardella. Et une majorité nette, puisque l’étude anticipe une moyenne de 278 députés (entre 243 et 305) pour le groupe présidé par Marine Le Pen (actuellement composé de 88 élus). Le camp présidentiel perdrait quant à lui quasiment la moitié de ses sièges, avec une moyenne de 135 députés contre 246 élus en 2022.

Même hémorragie du côté de la NUPES, qui passerait d’un contingent de 131 à 68 députés en moyenne. Quant aux clients du sondage, Les Républicains, les pertes seraient plutôt contenues, puisque le groupe présidé par Olivier Marleix passerait de 62 à 53 députés en moyenne. Ce qui est perçu en interne comme « une stabilisation encourageante ».

Même si ce type de sondages présentent de sérieuses limites, dans la mesure où l’étude ne peut pas prendre en compte la spécificité des 577 élections se jouant au scrutin uninominal majoritaire à deux tours (et des potentiels barrages républicains qui pourraient s’ériger dans plusieurs circonscriptions), les résultats offrent une photographie des rapports de force dans l’opinion. Et sur ce point, ce sondage a de quoi donner le sourire au parti d’extrême droite, qui ne manque pas de l’afficher.

« Un sondage secret commandé par LR en décembre 2023 donne une majorité de députés RN à l’Assemblée en cas de dissolution, conduisant à une cohabitation. La victoire est possible : ne vous abstenez plus jamais. Si le peuple vote, le peuple gagne ! », s’enthousiasme sur le réseau social X le député RN Alexandre Loubet, par ailleurs directeur de campagne pour les élections européennes. Un message repris tel quel par l’élue lepéniste de la Drôme Lisette Pollet ou le député RN de l’Ain Jérôme Buisson.

« Démonstration faite que l’argument éculé consistant à dire que “le RN ne pourra jamais avoir de majorité” n’était qu’un artifice de communication. Nous gagnerons en 2027, et nous aurons une majorité au parlement. Mais d’abord, les élections européennes ! », s’enflamme son collègue du Gard Nicolas Meizonnet.

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