Notre sondage sur les européennes 2024 donne le RN à 30 %, la majorité et la gauche loin derrière - EXCLUSIF
POLITIQUE - Des chiffres et deux lettres : Le RN caracole en tête des intentions de vote pour les élections européennes. C’est la principale leçon du premier sondage réalisé par YouGov avant le scrutin du 9 juin prochain et que nous dévoilons ce jeudi 18 janvier.
Élections européennes 2024 : ce que disent les sondages à cinq mois du scrutin du 9 juin
Selon cette enquête menée entre le 8 et le 15 janvier, soit essentiellement après la nomination des ministres de plein exercice du gouvernement Attal, la liste de Jordan Bardella recueillerait 30 % des suffrages si l’élection se tenait dimanche. C’est bien plus que le score réalisé par le parti d’extrême droite en 2019 (23 %).
Surtout, à moins de cinq mois de l’échéance, la candidature portée par le président du Rassemblement national devance largement celle des autres formations politiques, comme vous pouvez le voir à travers notre graphique ci-dessous.
À noter que cette photographie, où se mélangent des candidats putatifs et déclarés, n’a pas valeur de projection. Elle permet de constater les rapports de force à l’instant T. En voici les autres enseignements.
Le camp présidentiel atteint la cote d’alerte
Derrière la dynamique du RN, le camp présidentiel atteint la cote d’alerte. La liste d’union MoDem - Renaissance - Horizons ne recueille que 20 % d’intentions de vote, soit 10 de moins que celle du parti lepéniste.
Le coup est d’autant plus rude pour Emmanuel Macron, que l’étude a été réalisée après la nomination de Gabriel Attal à Matignon. Ce nouveau Premier ministre très populaire censé tourner la page d’une année 2023 cauchemardesque, de la réforme des retraites aux divisions sur la loi immigration, et incarner la bataille des élections européennes. Il en faudra davantage pour rattraper le retard sur Jordan Bardella, candidat en campagne depuis septembre 2023 au moins.
Notons toutefois que cette enquête a été réalisée avec comme candidat, Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti Renaissance devenu ministre des Affaires étrangères. Certaines études récentes tendent à montrer qu’Olivier Véran, cité comme potentiel tête de liste du camp présidentiel depuis son éviction du gouvernement, ferait un peu mieux. Il reste toutefois loin du socle de popularité d’Emmanuel Macron, signal inquiétant parmi d’autres.
À gauche, bataille pour les miettes
Plus bas dans notre sondage, le sort de la gauche est encore plus morose puisqu’aucune liste n’atteint la barre des 10 %. Dans ce contexte, c’est celle des écologistes, menée par Marie Toussaint depuis juillet 2023, qui domine. Elle recueille 9 % d’intentions de vote, mais reste loin des 13,5 % obtenus par Yannick Jadot en 2019.
Derrière elle, Raphaël Glucksmann ne profite pas du léger frémissement qui entoure son profil. L’eurodéputé Place Publique, probable tête de liste socialiste - comme en 2019 - vient d’enregistrer le soutien de deux figures de l’écologie politique, Daniel Cohn-Bendit qui a rompu avec le macronisme, et l’ex-candidat à la présidentielle José Bové. Il est mesuré par YouGov à 8 %, juste devant les Insoumis (7 %).
Le signe d’une campagne qui tarde trop à s’amorcer ? Le député européen attend encore la validation formelle des roses pour se lancer pleinement. Quant à la France insoumise, les cadres ont longtemps réclamé une liste commune avec les autres partis de la NUPES pour peser face au Rassemblement national et au camp présidentiel. Sans succès. Dès lors, Manon Aubry est bien pressentie pour reprendre le drapeau LFI, mais rien n’est pour l’instant tranché.
Reconquête dépasse LR
De l’autre côté du spectre politique, à droite et à l’extrême droite, tous les candidats sont connus. Et les rapports de force semblent évoluer - derrière le Rassemblement national. Dans notre sondage, la liste de Reconquête (le parti d’Eric Zemmour) dépasse ainsi celle des Républicains, ce qui n’était pas le cas dans les études menées ces derniers mois.
Marion Maréchal recueille donc 7 % d’intentions de vote (à hauteur des insoumis), juste devant François-Xavier Bellamy (6 %). Un chiffre mesuré avant que ce dernier soit officiellement investi par Éric Ciotti. Avec ce score très faible, le philosophe, proche idéologiquement de l’ancienne députée RN, ferait encore moins qu’en 2019. Il avait recueilli 8,5 % des voix, une performance alors vue comme un échec.
Cette enquête YouGov a été réalisée sur 1004 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 8 au 15 janvier 2024.
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