Un sondage pour les européennes 2024 sur CNews sans Glucksmann ni Toussaint dans le viseur d’un député PS

Raphaël Glucksmann et Marie Toussaint -ici le 24 février lors d’une manifestation- ne figuraient pas sur une infographie diffusée lundi 8 avril sur CNews.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Raphaël Glucksmann et Marie Toussaint -ici le 24 février lors d’une manifestation- ne figuraient pas sur une infographie diffusée lundi 8 avril sur CNews.

POLITIQUE - Le baromètre OpinionWay pour CNews sur les européennes 2024 est exhaustif. Seize listes sont testées en tout. Dont celle menée par Raphaël Glucksmann, mesuré à 12 % d’intentions de vote, et de l’écologiste Marie Toussaint, scotchée à 7 %. Pourtant, les deux intéressés n’apparaissent pas à l’écran lorsque la chaîne fait apparaître le sondage à l’écran.

Sondages des européennes 2024 : Raphaël Glucksmann en pleine dynamique dans notre compilateur

Sur l’infographie passée à l’antenne dans la soirée du lundi 8 avril, apparaissent les deux leaders, Jordan Bardella et ses 29 % et Valérie Hayer à 19 %, puis viennent ensuite le candidat LR François-Xavier Bellamy et ses 8 % d’intentions de vote.

Manon Aubry et Marion Maréchal affichent toutes les deux 7 %, puis en queue de peloton le communiste Léon Deffontaines et ses 2 % (loin du seuil des 5 % permettant d’envoyer des élus au Parlement européen). Sur le site du média de Vincent Bolloré, l’infographie apparaît également de cette façon, bien que l’article mentionne les deux candidats caviardés à l’écran.

Infographie réalisée par CNews, ignorant les intentions de vote de Marie Toussaint et Raphaël Glucksmann.
Capture CNews Infographie réalisée par CNews, ignorant les intentions de vote de Marie Toussaint et Raphaël Glucksmann.

« CNews persiste et signe »

Une présentation parcellaire de la réalité électorale qui n’a pas manqué d’agacer Marie Toussaint. « De la part d’une officine de propagande, les tentatives de manipulation de l’opinion n’ont rien de surprenantes. CNews persiste et signe : ma liste et celle de Raphaël Glucksmann ont été mystérieusement effacées de ce sondage. Des représailles ? Le débat public n’est pas une cour d’école », a-t-elle réagi sur le réseau social X, laissant entendre que la chaîne a sciemment effacé les deux candidats en réaction à leur décision de ne pas venir débattre sur CNews.

« Je saisis sur ce point l’Arcom et la commission des sondages. Cette présentation nuit à l’obligation de sincérité », a renchéri le député PS du Calvados, Arthur Delaporte. Membre de la commission d’enquête sur la TNT, l’écologiste Sophie Taillé-Polian (qui milite pour que l’Arcom ne renouvelle pas l’agrément à CNews) a annoncé faire de même. « Cette chaîne ne respecte pas la déontologie de l’information en pleine campagne électorale », a-t-elle dénoncé sur le même réseau social.

« Dans la démocrature que défend CNEWS, deux partis de gauche totalisant 19 % sont déjà interdits de cité… », a tonné aussi le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.

Ce nouvel épisode risque quoi qu’il en soit d’aggraver l’image de CNews auprès d’une large partie de la gauche, qui accuse la chaîne multisanctionnée par l’Arcom de rouler pour l’extrême droite et de manquer à ses obligations de pluralisme. Courant février, le Conseil d’État a sommé l’Arcom de mieux contrôler la chaîne « en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ». Pour l’association Reporters sans frontières, CNews « n’est plus une chaîne d’information, mais est devenue un média d’opinion ». Ce que le média conteste.

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