Sommeil : la science avance, mais les mystères des rêves demeurent

Nous faisons tous de 3 à 6 rêves par nuit et nous passons environ 25 % de notre temps de sommeil à rêver - et selon certains chercheurs, ce pourcentage pourrait même être nettement plus élevé.
Nous faisons tous de 3 à 6 rêves par nuit et nous passons environ 25 % de notre temps de sommeil à rêver - et selon certains chercheurs, ce pourcentage pourrait même être nettement plus élevé.

SOMMEIL - « Certes, un rêve de beignet, c’est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c’est déjà un voyage ». Si j’ai choisi cette citation de Marek Halter, qui paraphrase un célèbre proverbe Yiddish, ce n’est pas pour vous parler de beignet (même si j’ai mon avis sur la question). C’est bien parce que les rêves nous fascinent, nous questionnent et constituent des voyages - de l’esprit - à part entière.

Les rêves ont toujours suscité beaucoup d’interrogations chez un grand nombre d’entre nous. Quand rêvons nous ? Comment rêvons nous ? Pourquoi rêvons-nous ? Quelle signification y voir ?

Quatre types de rêves

Tout d’abord, précisons que les rêves sont des images, des sons, des phénomènes psychiques que le cerveau produit durant le sommeil. Ils interviennent en majorité pendant le sommeil paradoxal, le cinquième et dernier stade d’un cycle de sommeil.

Le sommeil paradoxal se caractérise par une activité cérébrale intense, proche de celle produite lors de l’état de veille. Les rêves se produisent aussi durant le sommeil lent, mais on se souvient des rêves qui arrivent pendant le sommeil paradoxal, surtout si l’on se réveille au cours de cette phase. Ils reviennent donc plusieurs fois dans la nuit.

Sachez que nous faisons tous de 3 à 6 rêves par nuit et que nous passons environ 25 % de notre temps de sommeil à rêver - et selon certains chercheurs, ce pourcentage pourrait même être nettement plus élevé !

Il existe 4 types de rêves : le rêve dit « typique » (le dormeur fait une chute, vole, perd ses dents, a des relations sexuelles ou est pourchassé), « récurrent » (par essence répétitif, ce rêve peut être une expérience pénible ou agréable, mais il se caractérise par un contenu identique, malgré sa chronicité, comme le fait d’arriver en retard à un examen pour un étudiant dormeur), « lucide » (le dormeur prend conscience qu’il rêve et peut parfois même maîtriser le déroulé de son rêve) et le « cauchemar » (avec son lot d’émotions négatives des plus intenses, souvent à tel point que le dormeur se réveille et éprouve de la difficulté à se rendormir, ce qui peut affecter la durée et la qualité de son sommeil).

Dans cette lignée, beaucoup d’études se sont intéressées au contenu des rêves. Il existe même plusieurs banques de rêves dans le monde !  Par exemple, la banque des rêves de l’Université de Santa Cruz, en Californie, recense pas moins de 22 000 rêves à ce jour et a permis aux chercheurs de classifier les rêves relatés par les dormeurs en différents types.

Une aide psychique

Toutefois, soulignons qu’il n’existe pas de raison absolue au(x) rêve(s). La théorie la plus répandue est que le rêve serait un mécanisme permettant de simuler les évènements menaçants et finalement de mettre à l’essai les moyens possibles dont on dispose pour les éviter ou y survivre. Ainsi, les rêves auraient contribué au succès de nos ancêtres sur le plan de la survie et de la reproduction en renforçant leurs compétences sociales pendant leur temps de sommeil.

Dans le prolongement de cette théorie, on arrive au deuxième rôle possible du rêve :  la régulation des émotions. Autrement dit, les rêves seraient une forme de thérapie nocturne qui aiderait à absorber et à intégrer les expériences émotionnelles personnelles, surtout négatives, dans la sécurité du sommeil. À ce titre, les rêves peuvent être considérés comme un mécanisme naturel de gestion du stress et de régulation émotionnelle.

En dernier lieu, les rêves aideraient à résoudre certaines problématiques, débouchant sur des découvertes, des inventions ou des œuvres d’art (Larry Page qui a fondé Google ou Albert Einstein et la découverte de sa fameuse théorie de la relativité, ont tous deux évoqué leurs rêves comme point de départ de leurs réalisations).

L’IA à la rescousse ?

Enfin, tordons le cou - sur l’oreiller - à une idée reçue : le scénario d’un rêve n’a aujourd’hui pas de signification prouvée scientifiquement. Si Sigmund Freud, et d’autres après lui, y accordait une importance considérable, force est de constater que la science n’a pas encore tranché.

Non, rêver de perdre ses dents ne signifie pas éprouver la crainte d’une mort prochaine. En revanche, gageons qu’un sommeil fait de rêves agréables et récurrents constitue un sommeil de meilleure qualitéj et davantage réparateur, que celui entrecoupé de cauchemars et donc de réveils nocturnes.

A ce sujet, lors de mes consultations au sein de mon cabinet, on me pose souvent la question d’une machine, que je qualifierai davantage de dispositif ou de logiciel, qui pourrait recenser nos rêves et les analyser, via notamment l’intelligence artificielle. Si cela pouvait paraître comme de la science-fiction il y a encore peu, il faut savoir qu’une équipe de chercheurs japonais est actuellement en train de développer un tel outil. Cette équipe travaille ainsi sur un moyen de décoder nos rêves, en enregistrant les signaux cérébraux et en les reliant aux récit des personnes étudiées… A suivre !

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