Les “social clubs”, la tradition anglaise dont les Indiens sont fous

La semaine dernière, j’ai enfin découvert de l’intérieur Bandra Gymkhana, le club de mon quartier. J’habite juste à côté, et pourtant je n’y ai jamais mis les pieds auparavant. Pourquoi ? Parce que je n’en ai pas le droit : l’entrée est strictement interdite au public. Mais cette fois-ci nous sommes invités par une amie dont le père est membre depuis des années. Et, à peine les portes franchies, nous nous retrouvons projetés dans un espace temporel unique, comme si le XXIe siècle et le XIXe avaient choisi de se rencontrer ici.

Architecture coloniale

Les social clubs forment en effet un des héritages les plus visibles de la colonisation britannique en Inde, particulièrement à Bombay et à Calcutta. Le mot gymkhana, porté par beaucoup de ces institutions, est d’ailleurs un terme inventé pendant la période du Raj désignant les versions indiennes des gentlemen’s clubs – puisque à l’époque les femmes n’y étaient pas admises. Cependant, les Indiens se sont tellement approprié le concept qu’aujourd’hui cette “culture club” est sans doute devenue plus puissante en Inde qu’au Royaume-Uni. À Bombay, des clubs continuent d’ouvrir chaque année tant la demande ne faiblit pas.

Côté visuel, imaginez une architecture d’inspiration coloniale, de grandes pelouses impeccables et des serveurs en uniforme. Comme tous les clubs ou presque, Bandra Gymkhana se compose d’une partie extérieure dotée d’installations sportives, terrains de tennis et piscine, notamment, et d’une partie intérieure avec différentes salles de réception, un espace de restauration plus informel et, élément indispensable, un bar bien approvisionné. D’autres clubs abritent aussi une bibliothèque ou une salle de sport.

Listes d’attente sur plusieurs années

Ce soir-là, notre petit groupe est confortablement attablé sous le vaste préau équipé de ventilateurs de Bandra Gymkhana. Nous nous empiffrons joyeusement d’agneau haché, de naans à l’ail et de poisson frit (le fameux Bombay duck, ou canard de Bombay”, qui est en fait préparé avec un petit poisson très tendre, le bombil, légèrement épicé puis pané). Le tout arrosé généreusement de bière, de vin, de gin ou de whisky, selon les goûts… Pour un prix défiant toute concurrence.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :