«Dans notre société, le vieillissement fait l’objet d’un refoulé absolu»

Olivier Saint-Jean, chef du service de gériatrie à Pompidou, juge préférable de mieux accompagner les patients, sans les enfermer dans la case de la maladie.

Le professeur Olivier Saint-Jean dirige le service de gériatrie de l’hôpital Georges-Pompidou. Membre de la commission de transparence de la Haute Autorité de santé, il considère que le déclin fait partie de la vie. Et défend l’idée, dans un livre coécrit avec Eric Favereau, journaliste à Libération, que la maladie d’Alzheimer ne serait pas une maladie (1).

A vous entendre et à vous lire, la maladie d’Alzheimer serait un leurre. Que voulez-vous dire ?

Le déclin cognitif (perte de la mémoire, troubles du raisonnement, etc.) est une réalité clinique. Oui, des tas de personnes souffrent de cela. Et c’est un enjeu majeur de santé publique. Mais est-ce dû à une maladie autonome (Alzheimer) ou cela relève-t-il du «simple» et «normal» vieillissement ? Il y a un débat, dans lequel intervient une tendance de fond à médicaliser la vieillesse. Les lésions que l’on observe dans le cerveau lors du vieillissement ou dans ce qu’on appelle Alzheimer (présence de plaques amyloïdes et dégénérescences neurofibrillaires) sont les mêmes. Cela, on le sait depuis les années 90 et les études scientifiques de cerveaux de personnes décédées. Alors pourquoi évoquer une maladie ? Ne peut-on pas plutôt imaginer, admettre que l’organe le plus complexe de notre corps, c’est-à-dire le cerveau et ses capacités cognitives, soit victime d’une obsolescence programmée ?

Mais il existe des personnes de 50 ans atteintes d’Alzheimer…

C’est exact. En outre, certaines de ces formes «jeunes» sont d’origine génétique. S’agit-il d’une maladie encore mal connue qui mime le vieillissement, comme il en existe pour d’autres organes ? Existe-t-il des personnes dont l’horloge du vieillissement fonctionne en accéléré ? Cela reste largement ouvert au débat et n’élimine pas l’hypothèse que nous venons d’évoquer.

Les troubles de ces personnes encore plutôt jeunes (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Souffrance
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