Sobriété énergétique : lavage des mains à l'eau froide, travail la nuit… Comment l'Europe se prépare à l'hiver ?
L'hiver pourrait être compliqué en Europe, surtout en cas de vague de froid importante.
"L’heure est venue de changer un certain nombre de nos habitudes", a averti sur Franceinfo le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Si quelques conseils ont déjà été évoqués comme couper le Wifi ou ne pas envoyer de mails avec des pièces jointes rigolotes, la feuille de route de la France doit être présentée par la Première ministre au tout début de l’automne.
Je suis du côté de l’écologie des solutions, pas de l’écologie des illusions.
La transition énergétique et écologique est le défi de notre siècle. Ma mission, c’est qu’elle se transforme en actes concrets. @BFMTV @RMCInfo @AmandineAtalaya pic.twitter.com/VxP3NbHo1K— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) May 24, 2022
En attendant, quelques mesures sont prises au niveau local. En Bretagne, la température des lycées sera plafonnée à 19 degrés. Chez nos voisins européens aussi, l'heure est aux économies d'énergies face à la flambée des cours et en répercussion de la fin des approvisionnements en gaz russe.
Si la grande majorité a décidé de plafonner le chauffage, et la climatisation pour certains, dans les administrations et bâtiments publics afin de montrer l'exemple, d'autres mesures complémentaires viennent s'y ajouter, selon les pays.
La saison de ski menacée en Suisse ?
La Suisse se prépare à passer un hiver difficile, alors que le pays est très dépendant, non pas du gaz russe, mais de l'électricité produite par ses voisins. Ainsi, en 2021, près de 60% de l’électricité importée en Suisse venait de France. Or, dans l'Hexagone comme dans d'autres pays, les exportations devraient être réduites en raison des risques de pénurie.
La menace pèse notamment sur... les stations de ski. En cas de pénurie d'énergie dans le canton du Valais, le plan d'urgence de la Confédération prévoit de mettre à l'arrêt les remontées mécaniques, des installations gourmandes en électricité.
Une fédération patronale suisse préconise le travail de nuit
À l'échelle nationale, le scénario le plus pessimiste prévoit que "sur ordre des autorités, les opérateurs électriques coupent le courant durant quatre heures sur l'ensemble du pays toutes les huit heures, y compris pour les ménages", selon la RTS.
En cas de menace nationale sur l'énergie, la fédération patronale qui représente les fabricants de machines et d'équipements électriques en Suisse, la Swissmem, préconise le recours au travail de nuit et le week-end pour continuer à faire tourner les usines. Une manière de faire tourner les usines en dehors des pics de consommation.
En Allemagne, on se lavera les mains à l'eau froide dans les bâtiments publics
L'Allemagne, très dépendante au gaz russe, a pris des mesures drastiques. Dans les administrations et bâtiments publics, le chauffage sera même éteint dans les parties communes comme les couloirs et il n'y aura plus d'eau chaude pour se laver les mains.
À ces mesures s'ajoutent l'interdiction des publicités lumineuses entre 22h et 6h et l'éclairage nocturne des bâtiments. Les magasins qui utilisent un chauffage devront garder leurs portes fermées et le chauffage des piscines privées sera interdit à partir du 1er septembre s'il se fait avec de l'électricité ou du gaz du réseau public. Objectif visé par le gouvernement allemand : réduire de 2% la consommation de gaz dans le pays.
À Vienne, c'est Noël qui trinque
Pour le secteur privé, le gouvernement invite à participer à l'effort, et diminue les températures minimales à respecter. Quant aux particuliers, si le ministre de l'Économie, Robert Habeck ne veut pas "mesurer les températures dans les chambres à coucher", mettant en avant "la liberté individuelle", il en appelle toutefois "à la responsabilité" des foyers pour qu'ils "contribuent" à la réduction de la consommation d'énergie. Début juin, l'Allemagne dépendait à 35% du gaz russe pour ses importations, contre 55% avant la guerre en Ukraine. Le chauffage des foyers est toujours assuré à plus de 50% avec du gaz.
En Autriche voisine, la capitale Vienne sacrifie en partie la magie de Noël. Le Ring, sa célèbre avenue qui entoure le centre-ville, ne sera pas éclairée. La municipalité n’allumera "les illuminations du marché de Noël sur la place de la mairie qu’une fois la nuit tombée et non au crépuscule", a précisé une porte-parole de la municipalité, Roberta Kraft, "c’est-à-dire à peu près une heure plus tard quotidiennement en moyenne".
L'Italie envisage une fermeture anticipée des bars, restaurants et commerces
En Italie, le plan de sobriété a été mis en place dès avril, avec limitation de la climatisation à 25 degrés pour l'été. Jusqu'au printemps, le gaz russe représentait 40% des approvisionnements du pays, contre 25% aujourd'hui.
Mais si la situation s'aggrave, le gouvernement italien a un plan radical qui prévoit notamment la fermeture des bars et restaurants à 23 heures cet hiver. Les commerces, quant à eux, devraient baisser les rideaux à 19 heures. L'État envisage également de limiter la fourniture de gaz aux secteurs qui en consomment le plus comme les cimenteries, aciéries, ou encore verreries. L'éclairage public pourrait également être réduit en cas de besoin.
L'Espagne incite au télétravail
En Espagne, la limitation du chauffage à 19 degrés maximum en hiver, et à 27 degrés minimum en été s'étend aux espaces commerciaux et culturels, aux grands entrepôts les infrastructures de transports, comme les aéroports ou les gares. Les lumières des vitrines des magasins et l'éclairage des bâtiments publics devront aussi être éteints lorsqu'ils ne sont pas utilisés.
Autres mesures, la fermeture des portes des commerces lorsqu'ils sont climatisés ou chauffés, mais aussi une incitation à faire du télétravail lorsqu'il permet des économies d'énergie.
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