La sobriété, une idée en pleine croissance

C'est l'Académie des technologies qui le dit : la technique seule ne suffira pas à préserver la Terre. Produire mieux, consommer moins, guider la recherche vers des applications durables... les pistes à emprunter sont plurielles. Avec, à la clé, une meilleure qualité de vie.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°216 daté janvier/ mars 2024.

En 2010, l'agro-écologue Pierre Rabhi suscitait les moqueries à peine dissimulées de la grande majorité de la population française avec le titre de son livre "La Sobriété heureuse". L'expression était soutenue par le gouvernement d'Élisabeth Borne - soucieux de se démarquer d'une quelconque austérité -, martelée aux heures de grande écoute des médias, adoptée - du moins en apparence - par de grands groupes industriels. Comme si tous les acteurs de la société découvraient soudain que le bonheur n'est pas lié aux capacités d'achat. Ce ralliement préfigure-t-il la sortie de la société de consommation ? Si tel était le cas, ce serait plus par contrainte que par conviction.

Mais de quoi la sobriété est-elle le nom ? Lors de la remise de son sixième rapport, début 2023, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) en a donné pour la première fois sa propre définition : "Un ensemble de mesures et de pratiques du quotidien qui permettent d'éviter la demande d'énergie, de matériaux, de terres et d'eau, tout en garantissant le bien-être de tous les êtres humains dans le respect des limites planétaires". Cette prise de position scientifique est passée inaperçue. "La guerre en Ukraine a tout changé", note Anne Bringault, porte-parole du Réseau Action Climat (RAC), qui fédère les associations luttant contre le changement climatique.

À l'automne 2022, l'arrêt des achats de gaz et de pétrole à la Russie, la faible disponibilité d'un parc nucléaire vieillissant et des centrales hydroélectriques affectées par un été très sec font craindre des coupures d'électricité et des pénuries de gaz. C'est le retour en force des messages d'économie qui font écho à la "chasse au gaspi" lancée dans les années 1970 pour atténuer les effets de la crise pétrolière.

Il ne s'agit pas de revenir à la bougie ou de vivre comme les Amish

Cette fois-ci, le slogan c'est : "Cha[...]

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