Snoop Dogg : Le sevrage du cannabis « ce n’est pas si facile qu’on le pense », prévient ce spécialiste

Snoop Dogg lors d’un concert en Allemagne en septembre 2023
picture alliance / dpa/picture alliance via Getty I Snoop Dogg lors d’un concert en Allemagne en septembre 2023

DROGUES - Il a fait du cannabis un véritable business, et pourtant. Snoop Dogg a surpris tout le monde en publiant sur Instagram cette semaine un message dans lequel il dit arrêter de fumer, sans donner de précisions sur la substance dont il parle. « Respectez ma vie privée »  a simplement demandé le rappeur sans toujours plus d’explications.

Ses fans sont toutefois nombreux à spéculer sur un arrêt du cannabis de la part de Snoop Dogg, tant le rappeur est identifié comme étant un gros fumeur. Depuis, il a partagé plusieurs selfies de son visage sous lesquels ses amis lui enjoignent de « rester fort ».

Face à cette annonce, la star du hip-hop a reçu des centaines d’encouragements à travers le monde. Et il en aura bien besoin, comme l’explique au HuffPost le psychiatre addictologue, Amine Benyamina, professeur à l’université Paris-Saclay.

HuffPost : Qu’avez-vous pensé de l’annonce de Snoop Dogg ?

Amine Benyamina : Cela ressemble à une annonce sincère, et je ne serai pas étonné qu’il y ait un effet d’âge qui joue. Snoop Dogg a plus de 50 ans, il devra peut-être aussi gérer l’arrêt du tabac. En consultation, on a très souvent à faire des personnes qui sont des poly consommateurs, dans le cocktail alcool-tabac-cannabis, on a parfois un cocktail similaire avec opiacés, ou avec des psychostimulants comme des ecstasys ou de la cocaïne.

Cela va beaucoup dépendre de la susceptibilité individuelle, c’est certainement la chose la plus importante. Il m’est arrivé de gérer des sevrages d’opiacés très durs, et de me retrouver face à des difficultés pour faire céder une personne sur le cannabis.

On a trois principaux profils : les gros consommateurs, les consommateurs qui ont le sentiment de maîtriser leur consommation et qui ne consomment pas tous les jours mais depuis très longtemps, et ceux qui ont des comorbidités psychiatriques (dépression, troubles de l’humeur) et qui pensent pallier leur pathologie.

HuffPost : Comment se passe le sevrage du cannabis ?

Amine Benyamina Le cannabis est un produit qui s’élimine doucement dans le corps, parce qu’il est présent dans les cellules graisseuses. Le sevrage se fait au bout de 3-4 jours, et il disparaît complètement entre 8 et 10 jours. C’est ce qu’on appelle le sevrage physique, mais ce qui est difficile c’est le craving, c’est le manque dans le cerveau, c’est ça qui nécessite des spécialistes.

Parmi les symptômes du sevrage au cannabis, on retrouve l’anxiété, les troubles de l’humeur, ce n’est pas rien et ça nécessite parfois la prise d’anxiolytiques ou de médicaments. Or, parce que c’est une drogue douce, les gens pensent qu’ils n’ont pas besoin d’arrêter, mais en réalité ce n’est pas si facile qu’on le pense.

Le CBD peut, dans certains cas, être un palliatif mais il n’y a pas d’études sur le sujet ni même d’autorisation médicale en ce sens. J’ai des patients qui y ont trouvé un palliatif intéressant, notamment pour des gros fumeurs. Mais attention, il y a toujours un peu de THC dans le CBD.

HuffPost : Snoop Dogg demandait à ses fans de respecter sa vie privée, c’est sur « socialement » d’arrêter le cannabis ?

Amine Benyamina : Quand on commence un processus de sevrage, on a besoin d’être soutenu par ses proches et de ne pas se retrouver dans des situations où on est tenté de consommer. On va passer par des hauts et des bas. Si Snoop Dogg est bien en train d’arrêter le cannabis, il a certainement besoin qu’on le laisse tranquille.

Dans des cas de gros consommateurs, on peut hospitaliser ces personnes où leur faire faire un séjour « au vert ». En tout cas Snoop Dogg semble vouloir prendre à témoin les gens autour de sa motivation à arrêter.

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