Sniffy : la "cocaïne décocaïnée" génère une polémique et illustre les failles de la lutte contre les addictions en France

Sniffy, une poudre énergisante à inhaler, est vendue en toute légalité. Cette parodie de cocaïne faite pour séduire les plus jeunes est au cœur d'une polémique qui illustre les failles de la lutte contre les addictions en France. Explications avec Bernard Basset, président de l'association Addictions France et ancien médecin inspecteur de santé publique.

La polémique a débuté le 21 mai 2024 après la diffusion sur Instagram d'une chronique extraite de l'émission "La grande semaine" sur M6. L'animateur s'y émeut qu'en France, pour 15 euros, on puisse imiter les gestes d'un cocaïnomane en toute légalité. Pour preuve, il présente Sniffy, une poudre énergisante créée par le fabricant marseillais de CBD Highbuy.

"Abasourdis" par Sniffy

Ressemblant à s'y méprendre à de la cocaïne, le produit contient de la caféine, de la créatine, de la taurine, des acides aminés (bêta-alanine, L-arginine, L-citrulline) et de la maltodextrine. Accompagnée d'une petite paille, cette poudre est vendue sur Internet et dans certains bureaux de tabac. Les créateurs promettent à ceux qui l'inhalent par le nez un effet énergisant de 20 à 30 minutes.

La diffusion de cette vidéo très largement relayée a pris par surprise toutes les personnes impliquées dans la lutte contre les addictions en France. Ils n'ont rien vu venir. Le produit est bien légal, et les fabricants ont déposé la marque fin juin 2023 auprès de l'Inpi (Institut national de la propriété industrielle) sans qu'aucune restriction, sauf l'interdiction de vente aux mineurs, ne puisse leur être opposée.

La poudre Sniffy est en vente en ligne.
La poudre Sniffy est en vente en ligne.

La poudre Sniffy en vente en ligne.
© ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

"Nous avons été d'autant plus abasourdis par la découverte de ce produit qu'il intervient dans un contexte d'augmentation forte de la consommation de cocaïne en France. En 20 ans, le nombre de consommateurs ayant expérimenté cette drogue a été multiplié par quatre, avec des conséquences telles que l'augmentation des passages aux urgences (72 passages par semaine en 2022)", nous détaille Bernard Basset, président de l'association Addictions France.

Autrefois cantonnée aux grandes villes et à des catégories sociales très aisées, qui en avaient une consommation festive ou l'utilisaient pour gérer le stress, cette drogue est désormais diffusée dans toutes les couches de la population et partout en France, "avec une certaine image pos[...]

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