En Slovaquie, la victoire de Peter Pellegrini est d’abord celle du camp prorusse

À Bratislava, où l’immense majorité des médias traditionnels supportaient Ivan Korcok, c’est un sentiment de désillusion qui règne, ce dimanche 7 avril au matin, dans le camp des partisans de l’ancien ministre des Affaires étrangères. Ce “symbole du ‘nous’ démocratique”, comme l’avait même présenté le quotidien Dennik N quelques jours plus tôt, a été battu lors du second tour, qui a pris la forme d’un référendum sur la politique prorusse menée par le gouvernement de Robert Fico.

“La peur l’a emporté”, a d’ailleurs réagi un Ivan Korcok à fleur de peau, samedi soir, une fois sa défaite entérinée, comme on peut aussi le lire sur le site du quotidien libéral. Il estime que “si Pellegrini a gagné”, au terme d’un second tour marqué par une plus forte participation que deux semaines auparavant (61 % contre 51 %), c’est, entre autres raisons, parce que “son pari sur la guerre [menée par la Russie en Ukraine] a été payant et qu’il a su mobiliser les électeurs de la coalition”.

Sur la même ligne que le Premier ministre Robert Fico, qui appelle à la paix avec la Russie dont il est un proche allié, Peter Pellegrini, qui succédera à la libérale Zuzana Caputova à la présidence du pays, a déclaré durant la campagne que “la majorité des Slovaques ne veut pas d’un président libéral progressiste, […] mais plutôt d’un président qui n’entraînera pas la Slovaquie dans la guerre” et entend d’abord “défendre les intérêts nationaux” de celle-ci, comme il l’a rappelé dans un discours devant ses sympathisants samedi soir. Une soirée au cours de laquelle Robert Fico s’est empressé de le féliciter, comme le montre le reportage photo sur le site de la RTVS, le groupe public de radio et de télévision slovaque.

Alors qu’un résultat plus serré était attendu par les observateurs après qu’Ivan Korcok a remporté le premier tour avec un score de 42,5 % et cinq points d’avance sur son adversaire, c’est donc finalement “sans surprise [que] Pellegrini a gagné haut la main”, constate plus froidement Pravda. “L’élection présidentielle peut aussi être considérée comme un référendum sur la question de savoir si le gouvernement bénéficie du soutien de l’électorat. De ce point de vue, la coalition s’en tire parfaitement. Peter Pellegrini a obtenu plus de voix que le Smer (le parti populiste de Robert Fico), le HLAS (le parti social-démocrate dirigé par Pellegrini) et le SNS (parti nationaliste) réunis lors des précédentes élections législatives [en septembre 2023]”, analyse le quotidien de gauche.

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