Simeoni boycotte Paris, mais s'entretiendra avec Macron

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron et le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, s'entretiendront par téléphone ce mercredi, a confirmé l'Elysée au lendemain de la décision de l'élu corse de ne pas se rendre à Paris compte tenu du "mépris" avec lequel ses demandes ont été accueillies selon lui par l'exécutif.

Gilles Simeoni "a été invité (...) par le président de la République dans la perspective d'un éventuel déplacement en Corse", a-t-on indiqué dans l'entourage d'Emmanuel Macron. "Pour des raisons d'équilibres politiques insulaires propres à sa majorité, (il) ne souhaite pas venir physiquement mais souhaite tout de même un entretien".

"Bien entendu, le président de la République lui parlera à 18h par téléphone", a-t-on ajouté, précisant que le "travail au quotidien" se faisait sur "la feuille de route définie" par Emmanuel Macron lors de sa visite en Corse en février 2018.

Dans un communiqué publié mardi soir, le président du conseil exécutif de Corse avait fait savoir qu'il lui "était impossible de répondre favorablement, en l'état" à l'invitation pour un tête-à-tête à l'Elysée ce mercredi.

"De nombreuses demandes et attentes portées par la majorité territoriale nationaliste" n'ont "malheureusement rencontré jusqu'à aujourd'hui qu'indifférence, refus, voire mépris", a-t-il estimé, créant une "situation de blocage politique".

Par ailleurs, la Corse connaît une "crise économique, sociale, culturelle et sociétale d'une gravité extrême", a-t-il ajouté, estimant que ce contexte imposait des "réponses fortes, innovantes et susceptibles de recréer un lien de confiance entre tous les acteurs".

"L'entretien téléphonique a vocation, s'il débouche sur des avancées significatives, à se prolonger d'une rencontre qui pourrait se tenir en amont de la venue du président de la République en Corse, prévue pour le mois de mars", a conclu Gilles Simeoni.

Lors d'une visite sur l'île en février 2018, Emmanuel Macron avait souhaité "ouvrir une nouvelle page" dans la relation entre Paris et la Corse, vingt ans après l'assassinat du préfet Claude Erignac par un commando nationaliste.

Le chef de l'Etat avait à cette occasion ouvert la porte à l'inscription de la Corse dans la Constitution tout en réaffirmant son opposition à la création d’un statut de résident et à la co-officialité de la langue corse, deux revendications des nationalistes qui ont déploré "une occasion manquée".

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)