Qu'est-ce que la liberté de genre, que Jean-Luc Mélenchon veut inscrire dans la Constitution ?

Jean-Luc Mélenchon (Bertrand GUAY / POOL / AFP)

Le genre, un thème sur lequel la France n'est pas le pays le plus progressiste, et qui pourrait s'inviter dans la campagne présidentielle.

"Je suis pour inscrire le droit de choisir son genre dans la Constitution". Lors d'un meeting à l'université de Lille, Jean-Luc Mélenchon a précisé certaines de ses propositions sociétales. Le candidat des Insoumis a notamment pris position sur la liberté de genre, qu'il entend garantir.

"Le but, c'est que plus personne ne souffre à cause d'une raison purement administrative. Nous garantirons la liberté de changer de genre", a notamment lancé le candidat Insoumis à l'élection présidentielle.

Le genre peut être changé sous conditions

"Le genre est un concept issu des sciences humaines et sociales pour affirmer l'importance de l'environnement social et culturel dans la construction de l'identité sexuelle de chacun", rappelle au HuffPost Pascal Huguet, directeur de Recherche au CNRS

Le genre, masculin ou féminin, peut aujourd'hui être changé d'un point de vue administratif sans suivre un traitement médical ou avoir subi d'opération. Ainsi, un individu né de sexe masculin peut demander à ce que soit inscrit "sexe féminin" sur ses papiers d'identité et dans ses démarches administratives.

"Le droit de l’affirmer contre la réalité des apparences"

Il faut toutefois "démontrer que le sexe indiqué sur votre état civil ne correspond pas à celui de votre vie sociale", indique le site officiel du ministère de l'Intérieur. Il faut pour cela "démontrer que la mention de votre sexe dans les actes de l'état civil ne correspond pas à celui sous lequel vous vous présentez et sous lequel vous êtes connu", en démontrant par exemple que "vous vous présentez publiquement sous ce sexe", "vous êtes connu par vos proches et vos collègues sous ce sexe", ou encore que "vous avez changé votre prénom pour correspondre à ce sexe".

La liberté de genre, c'est donc la possibilité pour un individu de se faire reconnaître publiquement comme étant d'un sexe différent de son sexe de naissance. Un droit que Jean-Luc Mélenchon veut donc ancrer dans la Constitution. "Si c’est votre intime conviction que vous êtes une femme ou un homme, vous avez le droit de l’affirmer contre la réalité des apparences et de votre corps", a rappelé le candidat insoumis lors de ce meeting devant des étudiants de l'université de Lille.

Un thème clivant

La question du genre, un thème récurrent sur le devant de l'actualité en septembre dernier, lorsque le ministère de l’Éducation nationale a publié une circulaire intitulée "pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire".

Le texte insiste sur "des mesures d’accompagnement mises en place pour les jeunes transgenres ou en questionnement sur leur identité de genre doivent être élaborées de manière individuelle en se fondant sur les besoins exprimés par les élèves eux-mêmes et leur famille, dans le respect des règles communes à l’institution scolaire", se basant "sur les trois principes écouter, accompagner et protéger".

Le genre, au cœur des débats

Une circulaire dénoncée par Éric Zemmour notamment, pour qui "à travers cette circulaire, il dit que les professeurs doivent se soumettre à cette nouvelle idéologie. À savoir que si un enfant, un enfant je le répète, vient expliquer qu'il n'est plus une fille mais un garçon, le professeur doit l'appeler par 'il' et plus 'elle'. Et qu'il doit même l'appeler par son nouveau prénom. En réalité, c'est criminel ! Ce que propose Blanquer est indigne et honteux", a-t-il estimé sur CNews.

La question du genre est au cœur des débats depuis plusieurs années. Certains affirment qu'une "théorie du genre" serait enseignée à l'école pour nier les différences sexuelles entre filles et garçons pour détruire le modèle de la famille et encourager l'homosexualité, la bisexualité et la transsexualité. Une théorie qui "n'existe pas. Ce qui existe, en revanche, c'est une distinction entre 'sexe biologique' et 'genre'", rappelle Pascal Huguet directeur de Recherche au CNRS.

Le thème du genre, un sujet sur lequel la France n'est pas le pays le plus progressiste. Les États-Unis ont délivré fin octobre le premier passeport avec le genre “X” à une personne qui ne se reconnaît pas dans les choix traditionnels “masculin” ou “féminin”. Au moins onze autres pays, dont le Canada, l’Allemagne et l’Argentine mais aussi l’Inde ou le Pakistan proposent le choix “X” ou “autre” dans leurs passeports, selon l’organisation Employers Network for Equality and Inclusion. La France n'en fait pas partie, et aucun candidat à l'élection présidentielle ne s'est pour l'instant prononcé sur ce thème.

VIDÉO - Le premier passeport américain avec le genre X