"Le siège est à nous et le restera": l'Elysée dément vouloir prêter son siège au Conseil de sécurité

La salle du Conseil de sécurité de l'ONU, en janvier2018. - Drew Angerer © 2019 AFP
La salle du Conseil de sécurité de l'ONU, en janvier2018. - Drew Angerer © 2019 AFP

La Une du journal britannique The Telegraph a fait des vagues outre-Manche ce mercredi matin. Dans un article se basant sur les déclarations d'un "allié proche" du président français, le média affirme que la France est prête à mettre à disposition de l'Union européenne son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Une information "formellement" démentie dans la matinée par l'Elysée.

"Le siège est à nous et le restera", a affirmé la présidence, en réagissant au journal qui affirme en Une qu'Emmanuel Macron "pourrait offrir le siège à l'ONU" si l'UE soutenait ses plans pour une armée européenne. "Nous nous coordonnons avec l’UE autant que nécessaire et en toute souveraineté", a précisé l'Elysée.

"Il est hors de question" que la France mette son siège à disposition de l'Union européenne, a abondé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du Conseil des ministres ce mercredi à la mi-journée, en considérant les "informations qui ne sont pas vraies" diffusées par ce "tabloïd" comme une "boule puante".

"Cela n'a jamais été sur la table"

"Cela n'arrivera pas, cela n'a jamais été sur la table, la France conserve et conservera son siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il insisté.

De son côté, le député européen Sandro Gozi, qui a donné l'interview au média britannique sur ce sujet, s'est défendu en affirmant que ses propos avaient été "totalement déformés". Et de rappeler, sur la même ligne que l'Elysée, que "la position française est claire: le siège permanent à l'ONU est français et le restera".

Crise diplomatique

La publication du Telegraph intervient en pleine crise diplomatique entre Paris d'un côté et Washington, Canberra et Londres de l'autre, à la suite de la décision de ces trois capitales de conclure un partenariat stratégique dans la zone indopacifique, qui a fait perdre à la France un important contrat de sous-marins avec les Australiens. Cette rumeur a par conséquent entraîné de vives réactions de la part de plusieurs responsables politiques français, faisant part d'une certaine inquiétude.

"Macron doit démentir d'urgence. La France ne donnera jamais son siège au Conseil de sécurité de l'ONU. Qui s'y risquerait relèverait de la haute trahison", a écrit Jean-Luc Melenchon dans un tweet.

"Si cette information est exacte il s’agit d’un acte de trahison envers la Nation. Si elle ne l’est pas Emmanuel Macron doit le dire et vite", a réagi Marine Le Pen.

Le porte-parole du gouvernement a tancé ces commentaires, leur reprochant de considérer un "tabloïd anglais comme la principale source d'information s'agissant de notre diplomatie et de nos décisions". "Je trouve cela légèrement inquiétant", et s'ils "tombent dans le panneau de la première boule puante venue (...), ça en dit long sur ce que pourrait être leur politique étrangère" s'ils étaient élus à la présidence de la République, a-t-il fait valoir à huit mois de l'élection présidentielle.

"La question du siège commun ne se pose pas"

Ce n'est pas la première fois que le débat autour d'un siège européen unique au Conseil de sécurité de l'ONU émerge. En 2019, cette possibilité avait été soutenue par la chancelière allemande Angela Merkel, prônant l'objectif de "réunir les voix européennes au Conseil de sécurité de l'ONU", et donc de faire disparaître le siège dont dispose la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Une proposition aussitôt rejetée par l'Hexagone. "La France gardera son siège au Conseil de sécurité, souhaitons que l'Allemagne puisse elle-même avoir le sien", avait recadré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. "La question du siège commun ne se pose pas."

La France est membre permanent avec droit de veto au Conseil de sécurité depuis 1945, à l'égal des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine et du Royaume-Uni. Le Conseil de sécurité comprend aussi dix membres non permanents, renouvelés par moitié tous les deux ans. Depuis la sortie de Londres de l'Union européenne, la France se retrouve le seul pays de l'UE parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Un désavantage pour l'Europe qui préfèrerait avoir plus de sièges et donc plus de poids dans les négociations et les décisions face aux Etats-Unis, à la Russie ou à la Chine.

Article original publié sur BFMTV.com