Comme Shiloh Jolie, ils ont décidé d’abandonner le nom de famille de leur père et expliquent pourquoi

Shiloh Jolie-Pitt à Los Angeles en 2021.
JC OLIVERA / Getty Images via AFP Shiloh Jolie-Pitt à Los Angeles en 2021.

FAMILLE - Le jour de ses 18 ans, Shiloh Jolie-Pitt, fille d’Angelina Jolie et Brad Pitt, a déposé des documents officiels afin de retirer officiellement le nom de son père de son patronyme. En France, depuis le 1er juillet 2022, cette possibilité a été facilitée. Toute personne peut changer de nom de famille une fois dans sa vie, ajouter ou supprimer le nom d’un des deux parents, ou bien choisir l’un des deux.

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Comme toutes les personnes ayant répondu à nos appels à témoignages à ce sujet, Emma*, auxiliaire parentale de 26 ans, a choisi d’effacer le nom de son père. « Il était lié à l’abandon et à la violence », nous confiait-elle en 2022, au moment du changement de législation qui lui a permis de modifier son patronyme.

Pour Catherine Verdier, psychologue et psychothérapeute, cette démarche est courante chez les personnes ayant subi des traumatismes ou des violences dans l’enfance. Derrière le fait d’enlever un nom ou de le remplacer par un autre, il y a l’acte symbolique « d’effacer ou de supprimer des racines, pour une autre identité ». Pour elle, ce n’est pas seulement un nom qui est visé. C’est une personne, ainsi que « toute la généalogie qui va derrière » que l’on raye de sa vie, du moins symboliquement.

« Passer à autre chose »

C’était également l’absence et la violence de son père qui ont conduit Thierry*, 32 ans, à vouloir prendre le nom de sa mère. « Les seuls moments où il a été présent, ça a été pour donner des coups, racontait-il au HuffPost il y a deux ans. C’est une personne raciste, homophobe, tout l’opposé de ma mère, en fait. »

« Mes parents étaient mariés, on vivait ensemble, expliquait-il. Mais pour tout ce qui était devoirs, repas, suivi scolaire, vie quotidienne, c’était ma mère. Il ne s’est jamais occupé de rien. Pour lui, les enfants étaient là quand il fallait mettre des coups de poing, des coups de pied, de bâton ou de martinet. Mais il n’y avait que ça. »

Cela faisait plus de dix ans qu’il pensait à changer de nom de famille. « Cette loi est arrivée au bon moment. » Si son choix n’a pas fait l’unanimité dans sa famille, en particulier du côté paternel, il lui a permis de « passer à autre chose ».

« On ne change pas son ADN »

Il arrive que ce désir de changer de nom survienne au moment où l’on doit soi-même transmettre un nom à ses enfants. C’est le cas de Sophie*, 35 ans, qui a été élevée par sa mère et n’a côtoyé son père que de manière « épisodique ». Aujourd’hui, elle utilise déjà le nom de sa mère comme nom d’usage. « Je préférerais ne pas donner mon nom à mes enfants tout court plutôt qu’ils portent le nom de mon père, résume-t-elle. Je suis très attachée au nom de ma mère, qui était le nom de mon grand-père, dont j’étais très proche et qui représentait pour moi une figure paternelle. »

Pour Catherine Verdier, cette démarche s’inscrit alors dans une recherche de « sens ». « Pour ces personnes-là, le nom en question n’est pas une identité et ils le remplacent par un nom qui veut dire quelque chose pour eux, analyse-t-elle. C’est la fin d’un processus et le début d’une autre vie, sur laquelle il faudra communiquer avec ses propres enfants. »

Si cet acte peut être bénéfique, il n’efface pas néanmoins le traumatisme chez les personnes concernées. « Cela fait du bien et cela aide à la reconstruction, car en général, c’est motivé. On ne change pas de nom comme ça, souligne la psychologue. Mais le traumatisme reste malgré tout ancré en nous. On ne change pas son ADN. » Elle conseille d’être suivi psychologiquement, même si ce ne sont que quelques séances pour « mettre ses idées au clair », avant de passer le cap.

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