Shane MacGowan, incarnation de l’Irlande en exil

Shane MacGowan est né près de Tunbridge Wells, dans le sud de l’Angleterre. Shane MacGowan est mort à Dublin, en Irlande, le 30 novembre 2023. Dans l’intervalle, un long trait d’union. Entre deux voisins brouillés, la nation de ses parents et son pays de naissance. Entre le punk et le folklore. Une vie de “rêveur”, glisse The Irish Independent, imprégnée des mythes et ballades absorbées pendant ces vacances scolaires passées sur l’île d’Émeraude. Une existence d’éternel “outsider”, aussi, ajoute The Irish Times.

Habitué des petits larcins, ado, MacGowan “se trouve en quadrillant Londres”, retrace le journal dublinois. La vague punk déferle sur la capitale britannique. Élève rebelle bourré de talent, il crée un premier groupe, les Nipple Erectors (traduction censurée). Puis Pogue Mahone, en 1982, devenu par la suite The Pogues. “Le groupe et son chanteur ont donné ses lettres de noblesse au folk-rock celtique”, salue l’Irish Independent, à Dublin.

Quel Irlandais pure souche aurait pu faire ça ?

Le toupet, pour un fils d’émigré, un “London Irish”, comme on surnommait les Irlandais de Londres (950 000 personnes nées sur l’île d’à côté vivaient au Royaume-Uni en 1961). “Il a réussi à bouleverser avec brio les codes de la musique traditionnelle tout en s’emparant des stéréotypes soi-disant anachroniques qui collent à la peau de l’île d’Émeraude – le sentimentalisme doublé d’un sens inégalé de la fête, l’importance de la religion et du patriotisme. Quel Irlandais pure souche de sa génération peut en dire autant ?” s’emballe l’Irish Times sous la plume de Mick Heaney, fils de Seamus, poète et Prix Nobel de littérature irlandais.

Ses acolytes (Spider Stacy, James Fearnley et Jem Finer), tous Anglais, se fondent dans la fusion de l’énergie punk et des airs traditionnels irlandais. En 1985 sort leur album le plus abouti, d’après l’Irish Times, Rum, Sodomy and the Lash. Du moins, “celui dans lequel MacGowan trouve réellement sa voix”. En fil vert, l’histoire du nationalisme irlandais, la mythologie celtique, la douce nostalgie. Le tube Dirty Old Town, reprise d’une chanson britannique des années 1940, fait chavirer la jeunesse.

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