Qui est « Le Serpent », le tueur en série Charles Sobhraj, extradé vers la France

Le tueur en série, fraudeur et voleur français Charles Sobhraj (C) quitte le tribunal avec son avocat Jacques Verges (L) le 8 avril 1997 à Paris. - Sobhraj, qui a été lié à plusieurs meurtres non élucidés en Asie dans les années 1970, a été inculpé le 8 avril pour postiche à son retour en France après avoir passé 20 ans dans les prisons indiennes. (Photo de Jack GUEZ / AFP)

FAITS DIVERS - L’homme capable de se muer en ses victimes. Charles Sobhraj, responsable de nombreux meurtres de jeunes routards à travers l’Asie dans les années 1970, a quitté ce vendredi 23 décembre une prison du Népal dans un fourgon de police. Ce tueur en série de 78 ans qui a inspiré la série « Le Serpent », était en cours de transfert vers les services d’immigration avant son expulsion vers la France, a indiqué la police.

Il sera transféré en France dans la journée de vendredi 24 décembre, a indiqué son avocat. « Le gouvernement du Népal veut le renvoyer dès que possible. Sobhraj le veut aussi » , a précisé Gopal Shiwakoti Chintan, qui lui a pris un billet sur Qatar Airways, partant à 18 heures. « L’ambassade de France lui apporte son document de voyage », a-t-il ajouté.

La demande d’expulsion de Charles Sobhraj a été émise par les autorités népalaises. Le ministère français des Affaires étrangères a expliqué que « la France serait tenue d’y faire droit puisque M. Sobhraj est un ressortissant français ».

 Jeunesse délinquante

Charles Sobhraj, né à Saïgon le 6 avril 1944 d’un père indien et d’une mère vietnamienne Charles Gurmukh Sobhraj, hérite de la nationalité française à la suite du remariage de sa mère avec un militaire français.

En 1963, il entame une carrière d’escroc international qui le mènera en Grèce, en Turquie, en Iran, au Pakistan ou en Afghanistan. Puis, en 1970, Sobhraj s’installe en Inde avec son épouse Chantal Compagnon. Leur fille Madhu y naît le 15 novembre.

Pincé par la police l’année suivante pour le cambriolage d’une bijouterie, il s’enfuit du pays après sa mise en liberté sous caution. Arrêté en Grèce en 1973, il réussit à s’évader.

À partir de 1975, il débarque en Thaïlande avec la Canadienne, Marie-Andrée Leclerc, sa nouvelle compagne et complice. Installé à Bangkok, sous le nom d’Alain Gautier, il héberge chez lui des touristes de passage qui deviennent alors ses proies.

Sur la piste des hippies

Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, il se liait d’amitié avec ses victimes, souvent des routards occidentaux sur la piste des hippies des années 1970, avant de les droguer, de les voler et de les assassiner.

Surnommé le « tueur au bikini », cet homme suave et sophistiqué a été au total lié à plus de 20 meurtres. L’autre surnom de Charles Sobhraj, « Le Serpent », lui vient de sa capacité à prendre d’autres identités pour échapper à la justice. Il est devenu le titre d’une série à succès réalisée par la BBC et Netflix qui s’inspire de sa vie. Grâce aux passeports de ses victimes, il réussira à fuir le royaume.

En juillet 1976, il est arrêté en Inde après avoir essayé de droguer un groupe de plus d’une vingtaine de touristes français dans un hôtel de New Delhi. Il est accusé du meurtre d’un autre touriste français Luc Salomon, retrouvé empoisonné dans un hôtel de Bombay. Il est condamné en 1978 pour ce meurtre mais la décision de justice est cassée deux ans plus tard par la Cour suprême.

Evasion rocambolesque

En mai 1982, il est condamné à la prison à vie par un tribunal de Bénarès pour le meurtre en 1976, d’un touriste israélien, Alan Jacob, mais acquitté en appel l’année suivante faute de preuves. Condamné par ailleurs, il est maintenu en prison.

Fin 1985, l’Inde décide son extradition vers la Thaïlande, qui le réclame notamment pour les meurtres d’un touriste turc et d’une jeune Américaine, Teresa Knowlton. Il risque la peine de mort. Pour échapper à cette extradition, Sobhraj s’évade en mars 1986 après avoir offert à ses gardiens des bonbons et des gâteaux mêlés de somnifères.

Au terme de 22 jours d’une vaste chasse à l’homme, il est arrêté dans un restaurant de Goa (ouest de l’Inde). L’évasion du criminel accusé d’au moins quinze meurtres dans dix pays entraîne de nouvelles poursuites et fait traîner la procédure d’extradition. À sa libération, en 1997, des geôles indiennes dans lesquelles il a passé plus de 20 ans, ses crimes présumés sont prescrits en Thaïlande.

La France, le Népal, et de nouveau la France

Charles Sobrahj rentre libre en France où il vit jusqu’en 2003. Puis il repart au Népal pour monter sous une fausse identité une affaire d’exportation de châles.Rapidement reconnu et arrêté à Katmandou pour les meurtres en 1975 de deux touristes, un Canadien, Laurent Armand Carriere et une Américaine, Connie Bronizch, il est condamné à perpétuité en août 2004.

Le 21 décembre 2022, la justice népalaise ordonne la libération du tueur en série pour raisons de santé. Deux jours plus tard, il quitte sa prison et est transféré vers les services d’immigration avant son expulsion vers la France.

« Une fois qu’il aura été emmené à l’Immigration, il sera décidé de la suite des événements. Il a un problème cardiaque, il veut se faire soigner à l’hôpital Gangalal », a précisé Gopal Shiwakoti Chintan, son avocat. Le tueur en série a en effet besoin d’une opération à cœur ouvert et sa remise en liberté est conforme à une loi népalaise autorisant la libération des prisonniers alités ayant déjà purgé les trois quarts de leur peine, selon le tribunal.

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