Le serpent, éternelle victime de nos préjugés

Un serpent prêt à attaquer.  - Credit:Kurit afshen / Shutterstock / Shutterstock / Kurit afshen
Un serpent prêt à attaquer. - Credit:Kurit afshen / Shutterstock / Shutterstock / Kurit afshen

« Dans l'Essonne, en Île-de-France, une femme m'a expliqué qu'avant la construction du lotissement où elle vivait, des lâchers de vipère par hélicoptère avaient eu lieu. C'est pourquoi ils sont, depuis, envahis par ces sales bêtes », témoigne Françoise Serre Collet, herpétologue et auteur de 50 Idées fausses sur les serpents (Quae, 2024). Cette croyance a vu le jour dans les années 1970, dans les Hautes-Pyrénées, où l'on pensait que des vipères étaient importées de l'Est pour protéger les jeunes plants de résineux des rongeurs. Elle ressurgit régulièrement et pourrait être liée à des confusions autour de programmes scientifiques.

Dans les années 1980, le laboratoire Mérieux, fabricant de sérum antivenimeux, a effectué des prélèvements de plus de 5 000 vipères, avec obligation de les relâcher. Cela aurait pu nourrir la rumeur, tout comme le largage par hélicoptère de jeunes poissons dans les lacs d'altitude, placés dans des « boîtes Vibert », d'où pourrait découler un amalgame avec le mot « vipère », avance la chercheuse. Quoi qu'il en soit, cette croyance persiste. « Parfois à bon propos, sourit la scientifique du Muséum national d'histoire naturelle. Certaines personnes prétendent que des lâchers de vipères ont eu lieu sur des terrains qu'elles convoitent afin de faire baisser les prix. »

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