Serge Federbusch, ancien candidat RN, publie une insulte raciste à l’encontre d’une élue parisienne

Serge Federbusch photographié lors de la campagne des élections municipales 2020.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Serge Federbusch photographié lors de la campagne des élections municipales 2020.

POLITIQUE - En 2020, Serge Federbusch avait été préféré à Jean Messiha pour porter les couleurs du Rassemblement national à Paris pour les élections municipales. Ce mercredi 7 février, cet énarque libéral identitaire — peu connu sur la scène nationale — fait parler de lui pour une autre raison.

Dans un message publié sur le réseau social X, Serge Federbusch a pris pour cible l’élue écologiste Fatoumata Koné, présidente du groupe écologiste au Conseil de Paris. Alors que l’intéressée s’indignait du sort réservé à des mineurs non accompagnés laissés sans solution d’hébergement, le haut fonctionnaire a réagi en prônant la « remigration » pour ces jeunes migrants, mais aussi pour Fatoumata Koné.

Pour rappel, la « remigration », prônée durant l’élection présidentielle par Éric Zemmour, consiste à renvoyer en masse les étrangers se trouvant sur le sol français. Une idée qui est longtemps restée cantonnée aux réunions confidentielles de l’extrême droite groupusculaire. « Le grand remplacement est pour eux un constat, la remigration est le programme qui va avec ce constat », expliquait la chercheuse Marion Jacquet-Vaillant dans un documentaire consacré à cette expression et diffusé en avril 2022 sur LCP.

« Abjection raciste »

La reprise de ce terme par Serge Federbusch pour s’en prendre à Fatoumata Koné transpire le racisme, puisque l’élue parisienne est bien française. Mais visiblement pas assez pour l’ancien candidat RN, puisque Fatoumata Koné a manifestement le tort à ses yeux d’avoir des origines maliennes. Une haine crasse qui a fait bondir de très nombreux élus parisiens.

« Tout mon soutien républicain à Fatoumata Koné, victime de racisme d’une violence inacceptable. Profondément indigné », a réagi sur le même réseau social le conseiller de Paris Horizons Pierre-Yves Bournazel. « Ce tweet est une abjection raciste qui ne peut rester impunie ! », a renchéri le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire. L’adjoint aux mobilités David Belliard, le sénateur communiste Ian Brossat, la sénatrice socialiste Colombe Brossel, le groupe LR Changer Paris… Toute la classe politique parisienne a unanimement condamné les propos de Serge Federbusch.

« Je suis née en 1981, j’ai grandi à Paris et je subis du racisme depuis que je fais de la politique, depuis 2014 », a réagi, émue aux larmes, Fatoumata Koné au Conseil de Paris.« Je suis née en France, ce n’est pas un sujet pour moi mais un sujet pour beaucoup de gens », a-t-elle ajoutée, en déplorant un « racisme exacerbé par l’actualité politique ».

Elle a reçu une ovation des élus du Conseil, tous bords confondus. « Ces propos tombent sous le coup de la loi », a estimé le préfet de police Laurent Nuñez, dénonçant une attaque « haineuse et odieuse ».

À l’heure de la publication de cet article, le tweet était toujours en ligne et Serge Federbusch n’était aucunement revenu sur ses propos. Comme le rappelle la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), « l’injure commise envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » est passible de six mois d’emprisonnement et 22 500 euros d’amende.

À voir également sur Le HuffPost :

Relaxe de François Bayrou : pourquoi Marine Le Pen et le Rassemblement national auraient tort de se réjouir

Gabriel Attal n’a pas la même version qu’Élisabeth Borne de « l’arc républicain » (et ça compte)