Serbie : ce que l’on sait de la fusillade dans une école qui a fait au moins neuf morts

Serbie : ce que l’on sait de la fusillade dans une école qui a fait au moins neuf morts mercredi 3 mai 2023
Serbie : ce que l’on sait de la fusillade dans une école qui a fait au moins neuf morts mercredi 3 mai 2023

SERBIE - Huit élèves et le gardien d’une école de Belgrade ont été tués par balles ce mercredi 3 mai par autre élève, placé en psychiatrie après cette tuerie qui a provoqué un grand choc en Serbie où les fusillades dans les établissements scolaires sont extrêmement rares.

La fusillade a eu lieu dans la matinée à l’école Vladislav Ribnikar, qui accueille des élèves de 7 à 15 ans, dans le centre de Belgrade. Voici ce que l’on sait du drame.

Qui sont les victimes ?

« Huit enfants et un gardien ont été tués, alors que six enfants et une enseignante ont été blessés », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

Les enfants tués sont sept filles et un garçon, nés en 2009, 2010 et en 2011, a précisé le chef de la police de Belgrade, Veselin Milic, lors d’une conférence de presse.

Une élève française fait partie de ces victimes, a précisé le ministère français des Affaires étrangères.

Deux enfants et l’enseignante ont été grièvement blessés, selon la ministre de la Santé, Danica Grujicic.

Qui est le suspect ?

L’élève soupçonné d’avoir commis ce crime, un garçon de treize ans, a été retrouvé dans la cour de l’école peu après la fusillade et arrêté.

Il « a préparé la fusillade pendant un mois, il a fait une liste des enfants qu’il projetait de tuer », a-t-il précisé. « Le croquis ressemble à quelque chose d’un jeu vidéo ou d’un film d’horreur ».

Aleksandar Vucic a expliqué que l’adolescent avait été placé dans un hôpital psychiatrique. Plus tôt dans la journée, le Parquet a indiqué qu’il ne pouvait pas répondre devant la justice en raison de son âge.

Comment a-t-il eu accès à des armes ?

Le père du suspect a été « arrêté » et mis en détention provisoire et sa mère a été « interpellée » aussi, selon Aleksandar Vucic. Le père, un médecin et propriétaire de l’arme utilisée, avait emmené plusieurs fois son fils dans un stand de tir ces derniers temps, selon lui.

« Le père affirme que les armes étaient enfermées dans un coffre-fort avec un code, mais apparemment l’enfant avait le code, puisqu’il a réussi à prendre les pistolets et trois chargeurs avec quinze balles chacun », avait expliqué plus tôt dans la journée le ministre de l’Intérieur, Bratislav Gasic.

Que s’est-il passé ?

Selon le chef de la police de Belgrade, le suspect est arrivé à l’école avec un pistolet de 9 mm, un autre de petit calibre, et quatre cocktails Molotov dans son sac.

Un responsable local, Milan Nedeljkovic, a raconté à la presse que le gardien de l’école s’était interposé pour protéger les élèves. « Il a voulu empêcher cette tragédie et il est mort le premier », a-t-il expliqué.

Il a ouvert le feu en entrant dans l’école, tuant d’abord dans les couloirs le gardien et trois élèves avant de pénétrer « dans la classe d’Histoire ». « Dès qu’il a franchi la porte, il a tiré sur l’enseignante et les autres élèves », a raconté Veselin Milic.

Astrid Merlini, dont la fille se trouvait à l’école, a déclaré que les enseignants avaient agi vite pour cacher les enfants. « Lorsque (ma fille) a vu l’agent de sécurité tomber, elle a précipitamment regagné sa classe. Elle a eu peur. Elle a dit à son enseignante qu’il y avait une fusillade à l’étage », a raconté Astrid Merlini à l’AFP. « L’enseignante a immédiatement mis les enfants à l’abri, en les enfermant dans la classe ».

La police a d’abord été alertée par la directrice adjointe de l’école, puis l’assaillant a lui-même appelé la police deux minutes plus tard. « Il a dit avoir tiré sur plusieurs personnes », a raconté Veselin Milic.

Peu après la fusillade, la police avait bouclé le périmètre autour de l’école où ont afflué de nombreuses ambulances.

L’adolescent violenté par les autres élèves ?

Ce mercredi soirn la police n’avait pas encore établi le mobile de l’adolescent, alors que certains médias ont évoqué de possibles violences qu’il aurait subies de la part de ses camarades de classe.

Selon le président serbe, le garçon, un des meilleurs élèves de son école, a raconté aux enquêteurs que « personne ne voulait l’accepter (...) et qu’il a alors décidé de commettre cet acte monstrueux ».

Moratoire sur les permis de possession d’armes à feu

Le président serbe Aleksandar Vucic s’est adressé dans la soirée à la nation, déplorant « l’un des jours les plus difficiles dans l’histoire contemporaine » de la Serbie. Il a proposé plusieurs mesures, notamment un moratoire sur les permis de possession d’armes à feu pendant deux ans, précisant que quelque 765.000 armes à feu étaient actuellement enregistrées ans ce pays de moins de sept millions d’habitants.

Le gouvernement a décrété trois jours de deuil. Les cours commenceront jeudi par une minute de silence dans le pays.

Mercredi soir, des milliers de personnes se sont rassemblées sur une place du centre-ville et dans les rues du quartier de l’école pour allumer les bougies et déposer des messages et des fleurs autour d’un monument improvisé, a rapporté un journaliste de l’AFP.

« En tant que parent de deux enfants, j’ai ressenti le besoin de venir ici (...) Il faut changer quelque chose pour que cela ne se reproduise plus », a déclaré à l’AFP Zdravko Spremo, un serrurier de 48 ans.

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