"Ce serait mortel de lâcher maintenant" : le gouvernement ne veut pas reculer sur la réforme des retraites

(G à D): les ministres Gérald Darmanin, Elisabeth Borne, Sebastien Lecornu, Olivier Dussopt et d'autres membres du gouvernement se dirigent vers l'Elysée pour le premier conseil des ministres de l'année, le 4 janvier 2023 - GONZALO FUENTES © 2019 AFP
(G à D): les ministres Gérald Darmanin, Elisabeth Borne, Sebastien Lecornu, Olivier Dussopt et d'autres membres du gouvernement se dirigent vers l'Elysée pour le premier conseil des ministres de l'année, le 4 janvier 2023 - GONZALO FUENTES © 2019 AFP

Malgré l'ampleur de la mobilisation contre la réforme des retraites, l'exécutif n'entend pas réagir ou modifier son texte avant l'arrivée de celui-ci à l'Assemblée nationale.

Entre 1,12 et 2 millions de personnes ont manifesté ce jeudi en France contre la réforme des retraites présentée par l'exécutif. Une première mobilisation réussie pour les syndicats et les partis de gauche, qui se projettent vers d'autres actions très prochainement.

L'ampleur de la grogne place le gouvernement dans une position qui pourrait paraître délicate. Mais pour l'heure, la Macronie, à l'unanimité, ne remue pas d'un cil. "Il faut rester ferme. Ce serait mortel de lâcher maintenant", lâche ainsi à BFMTV un conseiller gouvernemental de premier plan.

Le passage du Cap Horn

L'objectif: ne rien faire tant que le texte n'est pas présenté officiellement. "On ne bougera pas avant les débats parlementaires. Avant, cela ne sert à rien. Les mesures de concession ne permettraient pas d'arrêter la mobilisation", abonde en ce sens un député.

Pas de réaction ou de changement de cap avant donc le 30 janvier au minimum, lorsque les députés débuteront l'examen de la réforme en commission. Et même sûrement rien avant le 6 février, jour de l'arrivée du texte dans l'hémicycle de l'Assemblée. S'en suivront 50 jours de débats parlementaires.

"La réforme des retraites, c'est comme le passage du Cap Horn. C'est 50 jours de traversée, puis soit le bateau passe, soit il casse" lance un ministre.

Attendre le bon moment pour dégainer les concessions

Mais pour ne pas chavirer, l'exécutif et la majorité imaginent quand même, en coulisses, les points sur lesquels la réforme pourrait être amendée. Par exemple, sur la retraite minimum à 1200 euros brut qui pourraient devenir net ou sur l'index "emploi des seniors" qui pourrait être plus coercitif.

Autre option, le dispositif de carrières longues qui pourrait être harmonisé afin que certains ne soient pas obligés de cotiser 44 ans au lieu de 43. Le gouvernement veut maintenant trouver le bon moment pour éventuellement dégainer ces concessions. Pour le moment, il est urgent d'attendre.

L'exécutif sous pression

"On n'est pas pressé. Il n'y a pas de grève reconductible massive. La grève perlée est une bonne nouvelle pour nous" reconnaît un député Renaissance.

Contrairement à la dernière mobilisation fin 2019-début 2020, les syndicats ont en effet choisi la "mobilisation saute-mouton". Prochaine date de manifestation: le 31 janvier. D'ici là, le projet de réforme ne devrait pas bouger d'une virgule.

Toutefois, la journée de ce jeudi ne passe pas non plus inaperçue. Qu'ils soient ministres, conseillers ou élus de la majorité, tous le concèdent: cette première journée de mobilisation a été un succès. "Les syndicats ont réussi leur pari", constate un membre de l'exécutif.

"Ça met plus de pression", reconnaît un député.

"La mobilisation est importante, c'est indéniable, ça ne sert à rien de nier les choses", a reconnu dans le même sens le ministre du Travail Olivier Dussopt dans la soirée de jeudi sur BFMTV.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Réforme des retraites : "C'est comme le passage du Cap Horn, soit le bateau passe, soit il casse" confie un ministre à BFMTV