Qui sera le prochain secrétaire général de l'OTAN ?
Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN se réunissent jeudi et vendredi à Prague, en République tchèque.
Ils sont confrontés à la décision majeure de savoir qui doit diriger l'alliance transatlantique dans les années à venir.
Le Norvégien Jens Stoltenberg, qui a pris ses fonctions en 2014, a déjà vu son mandat prolongé quatre fois et doit quitter ses fonctions le 1er octobre.
Les alliés ont presque convergé vers un choix, mais des obstacles subsistent.
Leur décision intervient à un moment clé pour l'alliance militaire transatlantique, qui doit faire face à la menace russe et à un potentiel deuxième mandat de Donald Trump à la présidence américaine.
Comment l'OTAN choisit-elle son secrétaire général ?
Le secrétaire général est le plus haut fonctionnaire de l'OTAN, sélectionné par consensus par les membres de l'alliance.
C'est lui qui préside les principaux comités de l'OTAN, fait office de porte-parole et recrute le personnel international.
Dans la pratique, la sélection se fait par des voies diplomatiques informelles, mais il n'est pas facile de trouver un candidat qui plaise aux 32 alliés.
Selon une longue tradition, aujourd'hui plus ou moins formalisée, le poste est occupé par une haute personnalité politique européenne et la durée habituelle du mandat est de quatre ans.
Qui sont les candidats ?
Un candidat part de loin favori : Mark Rutte, Premier ministre néerlandais depuis 2010.
Jusqu'à présent, sa candidature a reçu le soutien de 29 des 32 membres de l'alliance, dont le plus influent, les États-Unis.
M. Rutte devrait bientôt quitter son poste aux Pays-Bas. Après des mois de négociations post-électorales entre les quatre partenaires de la coalition, l'ancien chef des services de renseignement, Dirk Schoof, semble prêt à être nommé Premier ministre néerlandais, ce qui signifie que M. Rutte pourrait quitter ses fonctions d'ici quelques semaines.
En tant que chef du parti libéral VVD, M. Rutte a réussi à gérer une série de coalitions délicates dans le monde très fracturé de la politique néerlandaise, même si la dernière décision du VVD de s'allier au PVV, le parti d'extrême droite de Geert Wilders, alimente la controverse.
Mais il n'est pas le seul candidat en lice. Le président roumain Klaus Iohannis, qui s'est porté candidat en mars dernier, est toujours dans la course, même s'il a beaucoup moins de soutiens que M. Rutte.
D'autres candidats potentiels, dont la Première ministre estonienne Kaja Kallas et l'ex-ministre britannique de la Défense de l'époque, Ben Wallace, se sont retirés de la course et soutiennent désormais tous deux M. Rutte.
Nord de l'Europe
La nomination de M. Rutte s'inscrirait dans une certaine tendance de dirigeants de l'OTAN provenant des pays du nord de l'Europe. Les trois précédents étant issus de la Norvège, du Danemark et des Pays-Bas.
Bien que cela puisse susciter des contestations ailleurs en Europe, le pedigree nord-européen de M. Rutte pourrait jouer en sa faveur.
Certains craignent que la nomination d'un chef de l'OTAN trop anti-russe n'aggrave encore les tensions, un facteur qui aurait pu jouer en défaveur de M. Kallas.
M. Rutte est pro-Ukraine. Il y a dix ans, il était favorable à la signature d'un accord d'association entre l'UE et son allié oriental, bien que le PVV ait fait campagne avec succès contre cet accord lors d'un référendum en 2016, au cours duquel 61 % des électeurs néerlandais ont rejeté la ratification de l'accord.
Quels sont les obstacles restants ?
Si M. Rutte semble être le favori, il reste encore des obstacles à franchir.
Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orbán a opposé à plusieurs reprises son veto à l'aide de l'UE à l'Ukraine et aux sanctions contre la Russie.
Il y a quelques jours, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a confirmé qu'il ne soutiendrait pas M. Rutte, préférant Klaus Iohannis.
On ne sait pas non plus quand et comment Robert Fico pourrait se rallier à M. Rutte. Le Premier ministre slovaque a été grièvement blessé lors d'un attentat à caractère politique à la mi-mai et se trouve actuellement en convalescence à l'hôpital.
Que se passe-t-il maintenant ?
La réunion de Prague pourrait s'avérer trop peu politique pour sortir de l'impasse. Les espoirs se portent davantage sur le sommet de l'OTAN qui doit se tenir à Washington en juillet, à la suite d'une réunion des ministres de la Défense qui se tiendra mi-juin.
Mais en repoussant une décision après les élections européennes du 9 juin, le risque est d'être pris dans une série plus large de décisions concernant la direction d'autres institutions bruxelloises.
M. Iohannis lui-même est parfois pressenti pour diriger la Commission européenne, bien que ce poste semble plus susceptible d'être attribué à la titulaire, l'Allemande Ursula von der Leyen.
De même, M. Kallas pourrait être le choix de l'Estonie pour le poste de commissaire européen, ou même finir par diriger le service diplomatique de l'Union.
Ainsi, les accords parallèles conclus lors des sommets de l'UE prévus les 17 et 27 juin pourraient contribuer à débloquer le dilemme de l'OTAN.
Tous les regards seront aussi tournés vers les élections américaines prévues en novembre, certains craignant que le résultat soit néfaste à l'alliance transatlantique.
Le candidat républicain Donald Trump a exhorté les alliés à atteindre les objectifs convenus en matière de dépenses militaires, et a même appelé la Russie à attaquer ceux qui ne le feraient pas.