Selon ce sondage, presque la moitié des moins de 35 ans croient à la réincarnation. Pourquoi ?

Selon un sondage IFOP portant sur « Le regard des Français sur la mort », presque la moitié des moins de 35 ans croient en la réincarnation. Un chiffre qui reflète une plus large tendance chez les jeunes.

SPIRITUALITÉ - Les jeunes générations seraient-elles plus sensibles aux phénomènes non expliqués par la science ? C’est ce qu’indique une étude IFOP, publiée ce jeudi 14 septembre et qui s’intitule « Croyances, angoisses, obsèques… Le regard des Français sur la mort ». Résultat le plus marquant de l’enquête ? 43 % des moins de 35 ans croient en la réincarnation.

Certes, la croyance en la réincarnation a augmenté dans toutes les tranches d’âges ces vingt dernières années, passant de 22 % en 2004 à 32 % en 2023. Mais après les croyants religieux, qui sont 55 % à adhérer à cette croyance, ceux qui y croient le plus sont donc les moins de 35 ans, avec presque un jeune sur deux concernés.

« Pour tout ce qui touche aux croyances liées à la mort, entre les moins de 35 ans et les plus de 50 ans, il y a de grandes disparités et cela sur tous les types de croyances, que ce soit les concepts de paradis, d’enfer ou de réincarnation », confirme auprès du HuffPost Léa Paolacci, responsable de l’étude. Si la croyance d’une vie après la mort est vieille comme le monde, elle connaît un regain d’intérêt ces dernières années. Et ce n’est pas la seule.

Astrologie, vaudou, sorcellerie, spiritisme

« On voit le même phénomène, en particulier chez les jeunes, pour d’autres croyances, comme l’astrologie, le vaudou, la sorcellerie, le spiritisme », observe Romy Sauvayre, sociologue des sciences et des croyances à l’Université Clermont Auvergne et au CNRS.

Un précédent sondage Ifop publié le 16 mars 2023 constatait déjà, chez les Français, une hausse des croyances concernant les phénomènes irrationnels ou paranormaux. 9 % des 1 018 Français interrogés affirmaient partager au moins « une croyance occulte ». Et les 18-24 étaient, là aussi, la catégorie d’âge la plus sensible aux fantômes, sorcières, spiritisme, astrologie, transmission de pensée et miracles…

« Il y a un côté cyclique, souligne Romy Sauvayre. Dans les années 90, toutes ces croyances étaient au plus haut, puis elles ont été mises un peu de côté au cours des années 2000. Là, elles sont de retour. » Un retour accentué ces dernières années par la crise du Covid, une période particulièrement propice aux questionnements existentiels.

L’effet Covid

« Pour croire, il faut accorder du temps à ces croyances marginales. C’est vraiment un facteur important, affirme la sociologue Romy Sauvayre. Quand on est dans le métro, boulot, dodo, on n’a pas le temps. On a repris le temps pendant le confinement, ce qui explique aussi cette vague d’adhésion. »

De confinement en confinement, les jeunes, comme les plus âgés, ont donc eu le temps et le besoin de se poser davantage de questions. « Les recherches en psychologie ont bien montré qu’il y avait eu une augmentation du nombre de dépressions pendant le confinement », ajoute la sociologue. Ce qui peut pousser à une recherche de réponses ou de bien-être.

Et dans ce domaine aussi, les jeunes sont surreprésentés. Le 14 février dernier, un baromètre publié par Santé publique France soulignait une très inquiétante prévalence des épisodes dépressifs dans toute la population, mais la progression la plus importante était observée chez les jeunes adultes (18-24 ans), avec une hausse de neuf points entre 2017 (11,7 %) et 2021 (20,8 %).

L’importance des réseaux sociaux

Même sans les effets d’une crise sanitaire sans précédent, la jeunesse est une période où l’on est plus sensible à la spiritualité, selon la sociologue. C’est aussi ce que montre le sondage : 41 % des moins de 35 ans sont enclins à croire en une vie après la mort, contre 27 % des plus de 35 ans. « Les jeunes sont en quête de croire en quelque chose, avec les effets positifs de la spiritualité : avoir un but, avoir de l’espoir, trouver des clefs pour discerner des choses que l’on ne comprend pas forcément », souligne Léa Paolacci, responsable de l’étude.

C’est là qu’intervient un autre facteur majeur : les réseaux sociaux, qui agissent comme des diffuseurs. TikTok, en particulier, où 72,2 % des utilisateurs en France ont moins de 24 ans. La plateforme regorge de vidéos ésotériques ou de témoignages portant sur différentes croyances marginales.

« Les jeunes ont accès à tout sur Internet, que ce soit sur TikTok, YouTube ou Instagram, confirme Léa Paolacci. C’est très facile de tomber sur des contenus très communautaires, avec des influenceurs qui prônent des mantras, qui sont comme des guides dans la spiritualité. » Les vidéos de témoignages à la première personne s’y multiplient et la parole sur ces sujets est très libérée. « La différence avec les générations précédentes, c’est que les gens parlent et racontent leurs expériences et histoires spirituelles ou ésotériques, sans la crainte d’être stigmatisés. Le débat est ouvert là-dessus », ajoute-t-elle.

La diffusion de ces croyances est accentuée par le fonctionnement même de ces plateformes, dont les algorithmes proposent aux utilisateurs de nombreux contenus similaires à ceux déjà regardés. « Cela peut enfermer le jeune dans un cadre cognitif restreint. Plus on est soumis au même thème et plus on pense que c’est la réalité et que cette seule réalité existe. On est dans une bulle », conclut la sociologue Romy Sauvayre.

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