Selon Rachida Dati, Gabriel Attal a été « contraint » par Radio France d’intervenir lors du débat avec Valérie Hayer

POLITIQUE - Le Premier ministre aurait-il été « kidnappé » par Radio France ? Selon Rachida Dati, il a tout du moins été « contraint à venir » sur le plateau de franceinfo. C’est ce qu’a expliqué la ministre de la Culture ce mercredi 5 juin, lors de la session des Questions au gouvernement au Sénat, après les critiques visant cette intervention de Gabriel Attal.

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« Ce lundi, vous avez fait le choix de débouler sur le plateau de franceinfo, où vous n’étiez pas invité, pour tenter maladroitement de sauver votre candidate de la noyade », a glissé le sénateur communiste Ian Brossat, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus, dans une question portant sur les interventions médiatiques du camp macroniste pendant la campagne des européennes.

L’élu faisait référence à la visite surprise du chef du gouvernement sur la chaîne de l’audiovisuel public le 3 juin, alors que la tête de liste de la majorité Valérie Hayer était en plein débat dans l’auditorium de Radio France, et que lui-même sortait d’un entretien radiophonique « juste au-dessus ». Les oppositions avaient alors dénoncé l’omniprésence du couple exécutif à quelques jours du scrutin européen, alors que la tête de liste du parti présidentiel est en mauvaise posture dans les sondages.

Une intervention « pas préparée en amont »

« Je vous renvoie aux explications de la présidente de Radio France, qui lui a proposé… j’allais dire qui l’a contraint, à venir sur ce plateau », a lancé Rachida Dati devant les sénateurs en réponse à Ian Brossat. Sa réponse a été suivie d’éclats de rire. Le Premier ministre lui-même s’est amusé de la formule.

Selon le Canard enchaîné, le Premier ministre a peu ou prou la même interprétation de la scène. « Franceinfo m’a tanné pour que je passe après la matinale », aurait juré Gabriel Attal ce mardi, lors du petit-déjeuner hebdomadaire de la majorité. « On m’a dit que c’était un amphi de jeunes et qu’en tant que plus jeune Premier ministre, je ne pouvais pas ne pas leur dire un mot », aurait-il ajouté.

La présidente de la Maison ronde, Sibyle Veil, n’a en fait pas réagi officiellement à la polémique. Mais Jean-Philippe Baille, directeur de l’information de Radio France, a assuré auprès que la Société des Journalistes que cette intervention n’était pas « préparée en amont ». « Tout s’est décidé en cinq minutes, Attal a dit qu’il allait saluer Hayer en coulisses, on a eu une discussion dans l’ascenseur, il est arrivé à la porte [du studio], Salhia Brakhlia, qui venait de l’interviewer, est montée sur scène et il l’a suivie ». « On ne pouvait pas savoir qu’il allait aller au-delà », a-t-il encore assuré, selon des propos rapportés par Chez Pol.

Le sénateur de Paris, Ian Brossat, a ensuite repris la parole en concluant, non sans ironie : « Madame la ministre de la Culture, je dois dire que je suis assez inquiet que le Premier ministre ait pu être victime à Radio France d’une forme de kidnapping dont nous n’aurions pas été au courant ».

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