Seine-Saint-Denis: un accusé reconnaît le meurtre d'Aman, tué sur fond de rivalités entre cités

Quatre hommes, âgés entre 21 et 23 ans, sont jugés pendant trois semaines pour le meurtre d'Aman M. aux assises à Bobigny. Les faits remontent à 2020.

"Le 6 juin 2020, c'est moi qui ai donné la mort à Aman", a avoué Abass S. devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis ce mardi 23 avril. L'homme est jugé pour le meurtre de l'adolescent à Épinay-sur-Seine, victime innocente de rivalités interquartiers.

Avant de débuter son interrogatoire de personnalité, l'accusé de 21 ans a reconnu être l'auteur des tirs qui ont provoqué la mort d'Aman M.

Ses aveux se sont accompagnés de cris et de pleurs. La mère et la sœur jumelle de la victime ont dû quitter la salle et l'audience a été suspendue.

À la reprise des débats, la présidente a salué "le courage" de l'accusé et lui a demandé de s'expliquer.

"Je ne pouvais plus continuer de nier", confie Abass S. "Je savais au fond de moi que j'étais coupable (...). Vu que je suis de confession musulmane, tous les jours je faisais des invocations pour que Dieu me pardonne", a poursuivi l'accusé devant une partie civile qui accusait le coup.

"Ça fait trois ans que je mens à la famille d'Aman, à ma famille. Je suis à 100% honnête pour que la famille d'Aman puisse avoir la vraie vérité. Le coupable est dans le box", a répété l'accusé, seul à comparaître détenu dans cette affaire. Il risque trente ans de réclusion criminelle. Trois autres jeunes hommes sont jugés pour complicité de meurtre.

Le 6 juin 2020, Aman M., lycéen sans histoire, rendait visite à son cousin dans le quartier d'Orgemont à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) lorsqu'il a été tué par balle à proximité d'un terrain de jeux.

Touchée à la tête et au thorax, la victime est décédée sur place d'une hémorragie interne sous les yeux de sa mère et de son grand frère.

L'enquête va démontrer qu'Aman M. se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, étranger aux brouilles entre la cité d'Orgemont à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) et celle des Raguenets à Saint-Gratien (Val-d'Oise), séparées de moins de 2 km. La victime n'habitait aucun de ces quartiers. Aman est décrit comme un garçon "adorable, gentil, calme, respectueux" par ses proches. Il voulait être chauffeur routier.

Le tireur, qui a fait feu à deux reprises, avait fui à bord d'une Renault Clio blanche qui a été très vite identifiée par la vidéosurveillance.

Le conducteur du véhicule, originaire des Raguenets, s'était rendu à la police quelques jours après le meurtre de l'adolescent. Il avait justifié sa descente car la vitre de sa voiture avait été cassée par des jeunes de la cité ennemie la veille.

Les expertises psychiatriques des mis en cause, âgés entre 18 et 19 ans au moment des faits, ont révélé de l'"immaturité".

"J'étais naïf, immature, irresponsable", analyse à la barre Abib M., employé commercial en CDI dans un supermarché.

"Quand je me constitue prisonnier, je me suis mis à la place de la famille. J'étais dévasté. Je suis toujours autant dévasté", assure celui qui attend un enfant.

Après une longue journée d'audience s'accompagnant des confessions d'Abass S. en début de soirée, la présidente n'a pas été au bout de son enquête de personnalité. Elle se poursuivra mercredi matin.

Le verdict est prévu le 10 mai.

Article original publié sur BFMTV.com