"Sous la Seine": des requins terrorisent Paris dans un blockbuster français sur Netflix
Netflix affronte les Dents de la Seine. La plateforme de streaming dévoile ce mercredi 5 juin sa nouvelle superproduction française. Intitulé Sous la Seine, ce thriller politique et écologique a un sens du timing particulièrement redoutable. Dans ce film signé Xavier Gens (Gangs of London), porté par Bérénice Bejo (The Artist) et Nassim Lyes (Nouveaux Riches), un requin terrorise Paris... en pleine compétition de triathlon.
À un mois du lancement des Jeux Olympiques de Paris, l'idée amuse d'autant plus que Xavier Gens et Netflix ont "tout fait pour que la sortie du film coïncide avec les JO", confie le réalisateur à BFMTV. "L'idée date de 2015-2016. J'ai suivi le processus de développement jusqu'à ce qu'on propose le film à Netflix qui, avec mon producteur Vincent Roget, a commencé à se poser la question des JO à ce moment-là."
Ainsi est né Sous la Seine, inspiré par une idée des producteurs Edouard Duprey et Sébastien Auscher, "qui avaient envie de faire un film de requins dans la Seine", détaille Xavier Gens. Le pitch: Sophia, une scientifique, est alertée par Mika, une activiste écologiste, de la présence d'un grand requin dans la Seine. Pour éviter un bain de sang au cœur de la ville, elle s'allie à Adil, commandant de la police fluviale.
"Aucune limite créative"
Réalisé entre la France, l'Espagne et la Belgique, Sous la Seine bénéficie d'un budget très important pour un film français - le type de budget "impossible" à obtenir pour une sortie en salles, précise Xavier Gens. "Sans Netflix, et mon producteur qui s'est acharné, ce film n'existerait pas. Ce n'est pas un budget comme Astérix, mais on a pu être ambitieux et avoir des images qu'on a rarement vues dans notre cinéma."
"J'avais envie d'une nuée de requins dans les catacombes. On a essayé de ne se donner aucune limite créative de manière à ce qu'on puisse avoir ces images", poursuit le réalisateur, dont le précédent film, Farang, un thriller d'action comme on en voit surtout en Indonésie ou en Corée, détonnait déjà dans le paysage du cinéma français. "Je ne vais pas me cacher d'aimer la série B. Et aujourd'hui on peut le faire en France."
"Je voulais que ce soit bien fait et du bel ouvrage. C'est important de revenir à un genre de cinéma populaire de qualité. Avec mon équipe, on a essayé de proposer un spectacle qui respecte les spectateurs", martèle Xavier Gens.
Avec Sous la Seine, Xavier Gens a surtout voulu "dédiaboliser les requins". "On aurait facilement pu refaire Les Dents de la mer à Paris mais ça n'aurait pas été très malin de notre part. D'autant que c'est un animal qui ne fait plus peur mais qui fascine. On a préféré faire un film sur l'effondrement écologique. Le requin n'est qu'un prétexte à raconter un Dont Look Up à la française. C'est un révélateur de ce qui se passe."
Message écologique
Aucun second degré comme dans la franchise Sharknado. "J'avais envie de prendre ce genre de films au premier degré. Je me suis servi d'un pitch de série Z un peu nanardesque, qui peut être casse-gueule, pour pouvoir raconter un film qui fait part de mes obsessions et de mes convictions écologiques, qui propose une ironie dramatique sur la réalité."
Pour cette raison, Sous la Seine ne propose aucun happy end. "Le message du film est ailleurs", sourit le réalisateur. "On suit deux personnages impuissants par rapport à ce qui se passe. Je voulais absolument que le spectateur ait à la fin du film une prise de conscience par rapport aux ilôts de plastiques que l'on trouve dans le Pacifique et que l'on voie les conséquences de tout ça."
Un choix qui permet à Sous la Seine de se démarquer des autres films du genre, souligne Xavier Gens: "Réussir à ne pas faire de happy end sur ce genre de projet, c'était une forme de rébellion. Si tu fais ce film chez les Américains, il n'y a pas ce qui se passe à la fin du film. C'est la chance d'être Français. Je pense que c'est ce qui va marquer les gens. Si on n'avait pas trouvé cette fin, il n'aurait pas fallu que le film existe."
Le propos écologique de Sous la Seine transparaît jusque dans sa fabrication. Tout le film a été préparé à l'avance "comme un film d'animation", "de manière à ce qu'on ait le moins de déchets possible". "Quand on tourne un film, on coupe des scènes et des choses vont à la poubelle. Comme le film coûtait très cher, on ne pouvait pas se permettre de gaspiller. On a été très méticuleux et ça nous a permis d'affiner le film."
"Une impression d'ultra réalisme"
Sous la Seine a été tourné seulement en partie sur le fleuve parisien. "C'était impossible de bloquer la Seine trop longtemps", explique Xavier Gens. "On a fait les scènes du triathlon en Espagne, dans le bassin où a été tourné The Impossible de Juan Antonio Bayona. On a fait ça sur un bassin avec beaucoup d'effets spéciaux pour avoir le temps de le faire. On a beaucoup travaillé sur la lumière pour que ce soit très réaliste."
"On le sent quand il y a des fonds verts, comme dans le dernier Mad Max", glisse le réalisateur qui voulait "une impression d'ultra réalisme" pour permettre aux requins, un mélange d'images de synthèse et d'animatroniques (créatures robotisées), de ressortir à l'écran. "La lourdeur technique ne devait pas empiéter sur l'énergie du film. Le vrai challenge était là."
Xavier Gens a aussi pu s'appuyer sur le duo Bérénice Bejo et Nassim Lyès. Pour les besoins du film, Bérénice Bejo a appris l'apnée. Aussi à l'aise pour faire rire que pour tourner des cascades, Nassim Lyès a de son côté "une rigueur anglo-saxonne". "Il travaillait son corps au jour le jour. C'est pour lui un vrai outil de travail. Il a le potentiel d'une vraie star." Il vole déjà la vedette aux requins de Sous la Seine.