Seidik Abba : « Le Niger a un agenda diplomatique qui inclut la Russie et l’Iran »

Dans cette photo d'archives prise le lundi 16 avril 2018, les drapeaux américain et nigérien sont hissés côte à côte au camp de base des forces aériennes et autres personnels à Agadez, au Niger.   - Credit:Carley Petesch/AP/SIPA
Dans cette photo d'archives prise le lundi 16 avril 2018, les drapeaux américain et nigérien sont hissés côte à côte au camp de base des forces aériennes et autres personnels à Agadez, au Niger. - Credit:Carley Petesch/AP/SIPA

La junte au pouvoir au Niger a mis unilatéralement fin samedi 16 mars à l'accord de coopération militaire avec les États-Unis. Les près de 1 000 membres des forces armées américaines sont donc priés de quitter le pays. Un véritable séisme dans la stratégie des États-Unis dans la région. Pour Seidik Abba, universitaire et spécialiste des questions sécuritaires africaines, qui vient de publier un ouvrage éclairant sur l'actualité de ce vaste pays sahélien, Crise interne au Conseil militaire suprême du Niger (éditions L'Harmattan, mars 2024, 106 p., 13 €), l'annonce de la junte s'inscrit dans un changement majeur de dynamique entre les pays de la sous-région et leurs anciens partenaires occidentaux. Entretien.

Le Point Afrique : la junte au pouvoir a dénoncé le 16 mars l'accord militaire avec les États-Unis, un partenaire clé. Est-ce une surprise ? Comment comprendre cette rupture ?

Seidik Abba : La décision du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) de dénoncer l'accord militaire avec les États-Unis est une vraie surprise. Parce que, jusqu'ici, les États-Unis se sont montrés plutôt accommodants à l'endroit des militaires arrivés au pouvoir à la faveur du coup d'État du 26 juillet 2023. Les Américains n'avaient pas rompu les canaux de discussion ni annoncé le retrait de leurs troupes du pays. Dans certains milieux, il se dit même que les Américains ont fait preuve d'une certaine bienveillance concernant ce putsch. Ce n'est qu'au mois d'octobre q [...] Lire la suite