Les secrets d'"Astérix aux Jeux Olympiques", la superproduction la plus folle du cinéma français

Gérard Depardieu, Clovis Cornillac et Stéphane Rousseau dans
Gérard Depardieu, Clovis Cornillac et Stéphane Rousseau dans

Le défi était aussi impossible à relever que celui de construire en trois mois un palais égyptien. Avec Astérix aux Jeux Olympiques (2008), Thomas Langmann rêvait de faire une superproduction européenne capable de rivaliser avec Hollywood.

Doté d’un budget de 78 millions d’euros, l'impétueux scénariste-producteur-réalisateur s’est offert les moyens de cette ambition, en s’entourant d’une myriade de stars (Alain Delon, Michael Schumacher, Zinedine Zidane) et de techniciens césarisés (la cheffe décoratrice d’Amélie Poulain Aline Bonetto, la créatrice de costume Madeline Fontaine, le chef opérateur de Luc Besson, Thierry Arbogast) et en sortant simultanément dans plus de 6.000 salles européennes son adaptation de la célèbre BD de Goscinny et Uderzo.

Mais un scénario mal équilibré, des egos de vedettes souvent difficiles à gérer et des conflits en tout genre au sein de l’équipe créatrice ont progressivement transformé le rêve en déception. Conspué par la presse et le public, le film est désormais un des moins bien notés des sites Allociné et Sens Critique.

"Je trouve qu'on a été très sévère avec Astérix aux Jeux Olympiques", se défend Thomas Langmann. "Je l’avais pensé comme un film pour enfants."

Quinze ans après le tournage, l’équipe du film en conserve un souvenir plus contrasté. Si beaucoup tirent une immense fierté d’avoir travaillé sur un projet français aussi ambitieux, d’autres refusent désormais d’y être associé et préfèrent en parler anonymement. Tous regrettent un film "bling-bling" et "boursouflé", "perturbé par un producteur qui avait très envie d’être réalisateur, mais qui n’en était pas un".

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Dévoré à l’époque par ses démons personnels, ce producteur "au cerveau bouillonnant" et "aussi suractif qu’un gamin dans un supermarché" possède une méthode de travail bien à lui, difficilement compatible avec une superproduction à dimension européenne. "Ça me paraissait bien parti au départ, mais c’est vrai qu’avec la personnalité de Thomas Langmann, ça a vite été délirant", décrit Christian Guillon, le directeur des effets visuels du film. "Ce qui a caractérisé le film, c’est le désordre et la démesure - la démesure dans le désordre. Il y avait d’énormes ambitions et aucune limite. Ça a généré du gaspillage."

"Il y a du vrai, et énormément d'exagérations. Les gens aiment bien coller une étiquette. Mais c’est vrai que je ne suis pas simple", répond Thomas Langmann. "Je peux être bordélique. C’est compliqué de travailler avec moi, surtout quand on est scénariste."

"Plus de subtilité que ce que les gens pensent"

Initiateur de la franchise au cinéma avec son père Claude Berri, Thomas Langmann veut offrir en un film le meilleur des Astérix de Claude Zidi et d’Alain Chabat: "Le Chabat est évidemment le plus drôle, mais je trouvais qu’il y avait quelque chose à combler: c’était celui qui avait moins bien marché en Europe - parce que c’était compliqué pour des Allemands ou des Italiens de comprendre les vannes d’Edouard Baer ou le charme de Jamel."

Pour écrire cette comédie épique capable de faire rire dans toute l’Europe, Langmann fait appel à Olivier Dazat. Connu pour Podium, l’écrivain livre une première version inachevée de 120 pages, remaniée ensuite par Alexandre Charlot et Franck Magnier des Guignols. Leur marge de manœuvre est réduite. Thomas Langmann a en tête plusieurs idées pas forcément liées à l’histoire d’Astérix aux Jeux Olympiques, mais auxquelles il tient absolument. Parmi elles, se trouvent les séquences de Delon en César, dont son fameux monologue où il énumère ses grands films: "Je l’ai écrit tout seul. J’étais tellement emballé! C’est sur ces répliques-là que j’ai voulu faire le film!"

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Langmann impose aussi l’histoire d’amour entre le Gaulois Alafolix (Stéphane Rousseau) et la princesse grecque Irina (Vanessa Hessler de la pub Alice) et la rivalité entre César et Brutus (Benoît Poelvoorde) - une métaphore assez transparente de son histoire avec Claude Berri: "Quand Brutus dit à César, 'Chaque fois que j’ai une ambition, tu me la casses dans l'œuf', je pensais aux rapports avec mon père. Mais c’était de l’humour! Il y a plus de nuance et de subtilité dans le film que ce que les gens pensent."

Le défi consiste à relier ces éléments disparates. "Il y a eu de nombreuses réécritures, de nombreux combats pour en faire un bon script, et surtout un script drôle", se souvient Frédéric Forestier (Le Boulet, Stars 80), co-réalisateur du film avec Thomas Langmann. Il déplore un film souvent plus spectaculaire que drôle, avec une intrigue sans réel enjeu réduisant Astérix et Obélix à de la figuration: "Il y avait un problème structurel, mais il devait y avoir tout un tas de choses pour l’oublier: l’action, la comédie..."

Stephen Chow coupé au scénario

Thomas Langmann avait aussi le contrôle sur le budget. Avant de réunir avec Pathé un budget de 78 millions d’euros, il avait obtenu 105 millions d’euros en s’alliant à Warner, MGM, TPS Star et TF1. Il avait perdu l’offre en proposant à Claude Berri - alors en contrat d’exclusivité avec Pathé - de coproduire Astérix avec lui. Quelques mois plus tard, le père avait abandonné le fils, arguant qu’il s’agissait de son projet, le laissant seul chez Pathé, face à Jérôme Seydoux, et avec un budget à remonter.

Pour garantir sa mainmise sur le projet, le producteur élabore un stratagème. Comme l'explique un de ses collaborateurs, "une grande partie de la catastrophe qu’a été ce film a tenu au fait que, quelques mois avant le début du tournage, alors que le plan de travail était fait et qu’on avait un scénario complet, Thomas a voulu ramener de l’argent comme co-producteur, en plus de celui de Pathé, qui était le principal financier du film, en allant chercher d’autres financements à l’étranger."

Langmann embauche ainsi plusieurs stars comiques européennes, dont l’Allemand Bully Herbig et l’Espagnol Santiago Segura, pour qui le scénario est réécrit. "C’est à cette époque que le film s’est terriblement hypertrophié", confirment Alexandre Charlot et Franck Magnier. "Il nous demandait de dédoubler, voire de tripler un personnage pour pouvoir faire une place à la vedette de tel ou tel pays où il espérait trouver de l’argent pour compléter le budget. Sauf qu’une bonne histoire a une certaine souplesse. À un moment, cette hypertrophie a fini par faire beaucoup de mal à la rythmique de la comédie."

Certaines stars en subissent les frais. Stephen Chow, qui avait accepté de jouer Shaolinsoccerus (un clin d’œil à sa célèbre comédie sportive), voit son rôle coupé au scénario. Thomas Langmann cite des raisons budgétaires: "C’était un gros morceau, avec des effets spéciaux, mais c’était le seul truc qui n’avait aucun lien avec l’histoire."

Lassés par ces multiples réécritures, Alexandre Charlot et Franck Magnier jettent l’éponge avant le tournage: "On dénaturait ce qu’on pensait être du bon travail. On est parti quand on a compris que Thomas avait en tête qu’on soit sur le tournage pour réécrire les scènes au pied levé." "Ils en ont bavé", confirme Frédéric Forestier, qui précise avoir "alerté" sans succès sur les écueils du scénario: "Il y a certaines choses sur lesquelles j’ai été entendu, d’autres pas."

"Poelvoorde a été feignant"

Sur le tournage, Frédéric Forestier se concentre donc sur "l'aspect formel", pour réaliser "le meilleur film possible, compte tenu de ce qu’on [lui] donnait à tourner". "Fred misait plus sur le côté spectaculaire, en sachant qu’on ne réussirait jamais à être aussi drôle que Chabat", remarque Thierry Arbogast.

Forestier consacre six semaines rien qu’à l'impressionnante course de chars, "véritable film dans le film" d'une "grande complexité" à mettre en scène. Acteur surprise de cette séquence, Michael Schumacher tournera ses scènes avec Jean Todt des mois plus tard, au lendemain de son dernier GP au Brésil, et sera incrusté en post-production.

"Ce qui était absolument particulier sur ce film, c’est qu’on a vraiment fait une course de chars! C’était vraiment impressionnant!", s’enthousiasme Aline Bonetto, qui construit de superbes décors dans les studios Ciudad de la Luz d’Alicante, où l’équipe s’installe de juin à novembre 2006: "Il y avait l’envie de faire un grand péplum, un film de grande ampleur, avec de vrais gros décors. C'était un Ben-Hur gaulois!."

De son côté, Thomas Langmann espère reproduire la magie du Boulet, dont le scénario avait été amélioré sur le tournage grâce aux improvisations de Benoît Poelvoorde et de José Garcia. Le procédé se révèle cependant impossible à reproduire sur un plateau où chaque seconde perdue coûte une fortune. Le refus d’Alain Delon de changer la moindre réplique à son texte n’arrange rien non plus à la situation, ni la présence d’acteurs européens ne parlant pas un seul mot de français.

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Acteur instinctif, Benoît Poelvoorde peine à s’épanouir. "Il a été feignant", fustige Thomas Langmann. "Il n’a pas voulu improviser. Alors qu’il était ravi de jouer Brutus, de jouer avec Delon, tout d’un coup, il a vrillé. Il n’assumait plus. Il a beaucoup plombé le film, alors qu’il avait été un amour sur Le Boulet." Impossible de le faire interagir avec Bully Herbig, dont le rôle muet l’isole des autres acteurs.

Alexandre Astier entre alors en piste, dans le rôle de Mordicus, l’homme de main de Brutus. "C’était un peu improvisé, mais ça a plutôt bien fonctionné", se réjouit Frédéric Forestier. "Je l’aurais presque vu dans un rôle plus important." Le créateur de Kaamelott prête sa plume à une poignée de scènes dont celle où Brutus apparaît en général de l’armée romaine, prévue à l’origine uniquement pour la bande-annonce. Malgré ces aménagements, Poelvoorde ressortira du tournage frustré et émotionnellement épuisé, miné par des "problèmes personnels" qui l’obligeront à quitter son projet suivant, Cinéman de Yann Moix.

"Une machine d’autodestruction permanente"

Sur le plateau, le torchon brûle entre Langmann et Forestier. "Il y avait une petite rivalité", confie Thierry Arbogast. "Thomas avait un peu participé à l’écriture, et il voulait donner son avis sur certaines séquences. Fred voulait contrôler l’ensemble du film. Il ne voulait pas trop laisser Thomas [aux commandes]." "Ils étaient à un niveau d’animosité l’un contre l’autre que j’ai rarement vu", témoigne de son côté Christian Guillon. Plus diplomate, Frédéric Forestier préfère parler d'ambiance de travail "laborieuse", saluant "la confiance" que Thomas Langmann a placé en lui. Un autre collaborateur prend moins de pincettes:

"Le vrai réalisateur du film, c’est Frédéric Forestier! Il a tenu à bout de bras le film. Il en a pris plein la gueule sans se plaindre. C’est un bosseur incroyable. Il travaillait 16 à 18 heures par jour. Il essayait de faire le mieux possible face à cette machine d’autodestruction permanente. Thomas Langmann ne pensait qu’à s’amuser. Il était là uniquement quand il y avait des caméras de making-of. Il arrivait très souvent endormi, absent, sans énergie. Il découvrait une scène qui avait été pour une bonne partie déjà tournée, il nous disait que ce n’était pas comme ça qu’il fallait faire, et on devait tout recommencer."

"C’est arrivé", confirme Langmann. "Si on ne la refaisait pas tout de suite, mais une semaine plus tard, pour prendre le temps de réfléchir, ça coûtait trois fois le prix! J’avais un salaire de trois millions. Je l’ai mis dans le film quand je voulais refaire des prises. Je l’ai fait pour zéro, le tournage!" Il ajoute:

"La pression, c’était moi qui l’avais! Ils ne comprenaient pas aussi que parfois je courais après les acteurs, les Zidane, les Debbouze, que parfois j’allais au tribunal parce que le comité olympique voulait nous empêcher d’appeler le film Astérix aux Jeux Olympiques, que parfois il fallait s’occuper d’Anne Goscinny qui avait décidé de nous attaquer avec Uderzo, car soi-disant Albert n’avait pas les droits d’Astérix aux Jeux Olympiques."

"Delon m'a dit, 'Je vais vous tuer'!"

Sa consommation notoire de drogue - "Je n’étais pas le seul", précise-t-il - tout comme la présence de prostituées sur le tournage, révélée fin 2006 en marge d’une affaire d'"extorsion" et d'"incitation à la prostitution" instruite en Suisse, renforcent son aura sulfureuse. D’autres tensions émaillent le tournage et enrichissent sa légende. Plusieurs membres de l’équipe, dont un réalisateur de deuxième équipe, quittent l’aventure en cours de route. Une guerre d’egos oppose Depardieu à Delon. Ce dernier se brouille aussi avec Thomas Langmann.

Selon la version officielle, Langmann aurait montré lors d’une convention TF1 des images du film sans en avertir Delon. "Sauf que lui m’avait écrit dans son contrat que je ne pouvais pas diffuser la moindre promo sans qu’il l’ait validée! J’ai donc reçu un coup de fil de Delon me disant, 'Je vais vous tuer!' Au début, je lui ai un peu répondu. Ce qu'il ne fallait pas faire!" Fâchée, la star du Samouraï lui interdit pendant trois jours l’accès au plateau, le temps de tourner ses dernières séquences. Ils se réconcilieront après. "Quand vous avez des monstres du cinéma qui se rencontrent, il y a quelque chose d’animal qui se produit… Il y a des moments comme ça qui sont assez marquants", commente Aline Bonetto.

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Plusieurs membres de l’équipe déplorent également les caprices de vedettes venues "cachetonner". Si Clovis Cornillac fait l’unanimité en Astérix, dont il incarne à merveille la malice, Gérard Depardieu était "insupportable", assure Thomas Langmann. "Il avait envie d’en faire le moins possible", renchérit un technicien. "Il envoyait sa doublure quand la caméra était éloignée. Il n’avait pas envie de se maquiller avant d’enfiler son costume." Le grand acteur ne connaissait pas non plus son texte, qui était inscrit sur des panneaux placés derrière ses partenaires: "Il ne les regardait jamais dans les yeux et ça se voyait! Pour une scène d’engueulade, on a dû truquer ses yeux pour essayer de faire croire qu’il parlait vraiment à Astérix!"

"Des effets de confort pour pallier le désordre général"

L’utilisation de nouvelles technologies alourdit aussi l’ardoise. Astérix aux Jeux Olympiques est un des premiers films à expérimenter la figuration virtuelle, un procédé qui nécessite un plan de travail et un budget très précis: "On avait convenu que dès que l’on faisait un plan serré, ce serait de la vraie figuration, et que dès que l’on était en plan très large, ce serait des figurants virtuels. On avait déterminé qu’ils ne seraient jamais plus gros qu’un quart de la hauteur de l’image. Ça permettait de définir le degré de finition. Si on les agrandissait, on aurait vu qu’ils n’étaient pas photoréalistes", détaille Christian Guillon.

Sur le plateau, le plan de travail évolue sans cesse, bouleversant le nombre de séquences à tourner chaque jour, et le planning des figurants réels: "Un jour, cent figurants habillés et coiffés ont attendu dans une tente toute la journée pendant qu’ils tournaient des gros plans de Depardieu. Le lendemain, ils tournaient des plans moyens, mais les figurants n’étaient plus prévus au planning et il n’y avait personne pour remplir les gradins! On a dû ajouter des figurants virtuels, plus gros que ce qui était prévu! Ça s'est produit une dizaine de fois, sur une centaine de plans!"

Lors de la post-production, le budget des effets spéciaux passe ainsi de 2 à 4 millions d’euros, et le nombre de plans truqués de 600 à 1.500. "On avait peut-être un peu sous-estimé les choses", concède Frédéric Forestier. "Même si on avait beaucoup storyboardé en amont, il y avait des choses qui n'étaient pas tout à fait calées." Un "manque d’organisation" qui atteint son paroxysme à la toute fin du tournage, lorsque Christian Guillon doit se rendre en Sologne pour tourner seul avec un assistant le dernier plan du film, celui d’un aigle fondant sur Brutus, qu’ils n’avaient jamais réussi à filmer en Espagne!

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Le banquet final, avec les caméos de sportifs (dont celui de Zidane, venu au lendemain de son fameux coup de boule du Mondial 2006), résulte du même bricolage. "On avait imaginé des scènes qui se passaient à l’extérieur. Les jours où ils sont venus, il pleuvait et on a été obligé de se rabattre en studio et de tout réécrire. Du coup, je les ai tous mis dans le banquet. Il y a de bonnes choses, mais comme on les enchaîne, c’est un peu dommage", regrette Thomas Langmann.

Une contrainte qui explique la longueur de la scène, alors que l’intrigue principale est déjà terminée. Destiné au générique de fin, le banquet est intégré à la narration pour permettre aussi à Thomas Langmann d’honorer son contrat avec Alain Delon, qui avait obtenu d’être le dernier acteur à apparaître à l’écran.

Un "Astérix aux Jeux Olympiques" de 2h40?

Le destin d’Astérix aux Jeux Olympiques est scellé lors du montage. Langmann milite pour un film de 2h40, dans la lignée de Pirates des Caraïbes. Pathé exige de son côté 1h40, pour optimiser le nombre de séances quotidiennes. "Pour réduire le film à une durée exploitable, on a dû faire un choix cornélien", résume Christian Guillon: "Soit le film était très drôle, avec plein de gags, mais complètement incohérent ; soit l’histoire avait du sens, mais on était obligé d’enlever les gags. Très délibérément, ils ont choisi la cohérence au détriment de l’humour."

"Je m’en veux", regrette Thomas Langmann. "À l’époque, j’étais préoccupé. J’étais très malade. J’ai souffert d'une embolie. J’avais eu deux anévrismes. J’ai été faible. J’ai cédé." Le film devant être impérativement prêt pour le 30 janvier 2008 en raison des partenariats commerciaux (dont un avec McDonald’s), il est terminé "à la tronçonneuse", selon un collaborateur: "le film n’a pas été remonté, c’était de l’extraction". Des dizaines de plans truqués sont jetés à la poubelle - "le moindre plan, c’était 75.000 euros, c’était délirant". Des séquences entières disparaissent, dont une danse avec Monica Cruz.

"Il y avait des scènes trop longues, qu’on a ramenées à des durées plus raisonnables. Il y avait tout un tas de scènes de comédie qui n’étaient pas aussi drôles qu’espéré et qui ont sauté. La course de chars était beaucoup plus longue aussi. On a enlevé aussi des épreuves, car elles n’amenaient pas grand-chose sur le plan narratif. Tout était un peu boursouflé dans la première version. Hormis la scène avec Monica Cruz, qui était plutôt sympa, il n’y a pas eu d’énormes regrets", détaille Frédéric Forestier, avant d’ajouter: "Même aujourd’hui le film est assez long. 1h53, pour les enfants, c’est beaucoup."https://www.youtube.com/embed/00ntHgkXJKk?rel=0

Les "Astérix" avortés de Thomas Langmann

Sorti six ans jour pour jour après Mission Cléopâtre, le film remporte son pari malgré des critiques assassines, avec 16,2 millions d’entrées en Europe, dont 6,8 en France. Un succès cependant éclipsé par le triomphe de Bienvenue chez les Ch’tis, sorti au même moment, et produit par Claude Berri. Très heureux du résultat, Albert Uderzo offre à Thomas Langmann une planche originale de La Galère d'Obélix (1996). Une planche, l'avant-dernière de ce tome, qui trône désormais dans le bureau du producteur et sur laquelle on peut lire: "A Thomas Langmann, sans qui cette grande aventure cinématographix n'aurait pas eu lieu. Avec ma très sincère amitié."

L’histoire de Thomas Langmann avec Astérix ne s’arrête pas là. Un quatrième film inspiré du Tour de Gaule (transformé pour l’occasion en tour d’Europe) est lancé avec Christophe Barratier à la réalisation, Toledano/Nakache au scénario et un casting réunissant José Garcia (Astérix), Gérard Depardieu (Obélix), Jean Dujardin (César, un rôle refusé par Vincent Cassel) et Kev Adams (dans un rôle similaire à celui d’Alafolix). Victime collatérale des rivalités entre Anne Goscinny et la famille Uderzo, Langmann perd les enchères face à Laurent Tirard, qui réalise Au service de Sa Majesté (2012). Langmann imagine ensuite un cinquième Astérix, préquel inspiré de l’album Comment Obélix est tombé dans la marmite quand il était petit. Mais il doit abandonner l’idée à cause de "négociations d’argent".

Désormais entre les mains de Guillaume Canet, Astérix porte toujours l'empreinte de Thomas Langmann. Pour L’Empire du milieu (au cinéma en 2022), Canet s’est entouré des plus grandes vedettes, du footballeur Zlatan Ibrahimovic à la chanteuse Angèle. Il a même fait appel à plusieurs collaborateurs de Langmann, comme José Garcia, Madeline Fontaine ou Aline Bonetto, dont le travail sur Wonder Woman était déjà très inspiré des Jeux Olympiques: "On sent qu’ils ont vu Astérix! Ce qu’elle a fait ressemble à mon stade!", s’exclame fièrement Thomas Langmann. "Les trois Astérix ont été une grande partie de ma vie. C’est un peu loin pour moi maintenant, mais c’est marrant, parce que tout le monde veut encore le faire!"

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Article original publié sur BFMTV.com