Sécheresse : le retour de la pluie suffira-t-il ?

Sécheresse : le retour de la pluie suffira-t-il ?

Après la sécheresse de l'été dernier, le niveau de 80% des nappes phréatiques était inférieur à la normale en janvier dernier. Depuis, la France a traversé 32 jours sans pluie, dans une période cruciale...

La pluie tant attendue est enfin de retour. Après 32 jours consécutifs sans pluie notable durant la période idéale de recharge des nappes, du jamais vu tous mois confondus depuis le début des enregistrements en 1959, la pluie a fait son retour, abondamment dans certains endroits.

Au 8 mars à 07h, Météo France recensait un peu plus de 5 mm à l'échelle du pays, soit la journée la plus arrosée depuis le 17 janvier. Les 24 heures suivantes, c'est 9 mm de pluie à l'échelle du pays, et à Paris par exemple, il a plu 23,9 mm de pluie le 8 mars, soit la moitié de la "normale" pour un mois de mars.

"Ce n'est malheureusement pas en quelques averses que l'on va corriger ce déficit"

Globalement, le mois de mars s'annonce plutôt arrosé en France, surtout sur la moitié nord, grâce à une rivière atmosphérique qui devrait apporter de la pluie au moins jusqu'au 14 mars.

Une bonne nouvelle qui pourrait ne pas suffire à rattraper le retard accumulé en matières de précipitations. "On a observé un déficit assez conséquent dû à une absence de précipitations quasi généralisée au mois de février, et ce n'est malheureusement pas en quelques averses que l'on va corriger ce déficit", nous rappelle Éric Sauquet, directeur de recherche en hydrologie à l'INRAE de Lyon.

"On manque d'eau à tous les niveaux"

S'il estime que les précipitations du mois de mars permettront forcément à la situation de s'améliorer, "il faudrait que les précipitations soient suffisamment importantes, et s'inscrivent dans la durée", pour avoir un impact important. "Si la pluie est forte sur une courte période, cela favorise le ruissellement de surface, et l'eau gagne rapidement la rivière sans entrer forcément dans les sols. À l'inverse, une pluie modérée mais dans la durée, favorise l'infiltration dans les sols et la recharge des nappes phréatiques", poursuit le spécialiste.

D'autant que si les précipitations sont importantes, la période n'est pas la plus propice, comparé par exemple au mois de février. "On est au mois de mars, période de reprise de la végétation donc la pluie qui tombe va principalement bénéficier à la végétation. On manque d'eau à tous les niveaux. Les sols sont en déficit, les rivières, tous les compartiments du cycle de l'eau ont souffert pendant la sécheresse de l'été dernier et celle de cet hiver", ajoute, pessimiste, Éric Sauquet.

Déjà des départements en vigilance sécheresse

Selon le Bureau des recherches géologiques et minières, dans son dernier bulletin édité en janvier, 80% des nappes phréatiques en France métropolitaine ont des niveaux inférieurs à la normale. Une dizaine de départements sont en vigilance sécheresse, une situation jamais vu en mars.

Un prochain bulletin de surveillance doit être publié à la mi-mars, et prendra en compte les conséquences de la sécheresse inédite de février, alors qu'il indiquait en janvier que "durant l’hiver, les tendances dépendront essentiellement de la pluviométrie" et que "la recharge de ces prochains mois conditionnera les niveaux de l’été 2023".

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