“Scorn”, terrifiante plongée dans une machine bien trop vivante

Le rire est “du mécanique plaqué sur du vivant”, pour Henri Bergson. Nombre de réalisateurs de films d’horreur, de David Cronenberg à Julia Ducournau, démontrent que la proposition du philosophe est valable dans l’autre sens : l’épouvante peut être du vivant plaqué sur du mécanique.

Scorn, sorti sur PC et Xbox le 14 octobre, pousse loin cette logique. Si bien qu’un nom revient sous la plume de tous les critiques, une référence et inspiration assumée du jeu développé par le studio serbe indépendant Ebb Software : H. R. Giger. L’artiste suisse, rappelle The Washington Post, “est surtout connu comme le créateur qui a donné aux films Alien leur esthétique aussi effrayante que mythique. Giger avait mêlé l’organique, le mécanique et l’érotique pour engendrer les créatures qui ont fait la célébrité de la franchise.” De quoi dessiner un genre justement baptisé “art biomécanique”.

Monde inhospitalier

À défaut d’histoire, Scorn propose une exploration d’un univers malsain, à travers les yeux d’une créature humanoïde dont on ignore à peu près tout. Et au contraire des superproductions vidéoludiques classiques, poursuit The Washington Post, “il n’y a pas de dialogues, de journal des quêtes, d’inventaire ni de carte. Il n’y a pas de missions claires à remplir ou de buts à atteindre. La seule chose que l’on puisse faire est avancer.”

Il ne s’agit en rien d’une promenade de santé, prévient pour sa part The Guardian à propos de l’expérience “qui impose la paranoïa et donne l’impression que nous sommes uniquement autorisés à errer dans ce monde sous le contrôle étroit d’une intelligence ignominieuse qui nous dirige. Un monde dans lequel on entre avec un corps décharné et où l’on passe de la désolation à un désespoir transcendant.”

“La douleur est constante”

C’est donc au joueur de deviner ou même d’inventer le récit dans lequel il évolue. Une réussite d’immersion pour le quotidien britannique. “La douleur est constante. La peur est partout. Les répits n’apportent que cruelle mélancolie. Scorn est une œuvre d’art d’une grande puissance d’évocation et les choses qu’elle figure sont si désagréables que j’ai dû me limiter à des séances d’une seule heure à la fois.”

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